Istanbul Vibe : danser comme si demain n’existait pas

Berlin, Amsterdam, Detroit, Ibiza... Sur la carte de la dance mondiale, des hotspots s’avèrent incontournables, mais d’autres places moins connues jouent tout autant un rôle majeur. Parmi elles, Istanbul. Même si la ville est assez tardivement devenue une destination courue pour musiciens et ravers, elle concentre aujourd’hui l'énergie créative de tout le Moyen-Orient. L’existence (et la survie) de la techno dans la mégalopole turque n'est pourtant jamais allée de soi. Son émergence date de la fin des années 1980, lorsqu’une scène underground s'y est formée. Dans le premier club de musique électronique, gays et hétéros dansent ensemble, mais l’idée d’une Gay Pride est vite étouffée dans l'œuf par les autorités. Le monde de l’électro subira par la suite de nombreux revers, comme cette attaque terroriste contre la prestigieuse boîte Reina, au cours de laquelle 39 personnes sont abattues dans la nuit du Nouvel An 2017. Dans un contexte politique difficile, sa résilience passe par une énergie créative qui l’aide à surmonter tous les défis.

Beatmakers en exil
Vibe Istanbul raconte la dernière décennie de ce melting-pot artistique par lequel l'Orient et l'Occident se rencontrent pour donner naissance à une culture de la liberté et de la tolérance. Célébrer la vie à tout prix s’est avéré d’autant plus nécessaire ces dernières années que les conflits dans la région s'intensifiaient. De nombreux exilés sont arrivés de Syrie, d'Iran, du Liban, trouvant à Istanbul une énergie vibrante, alors que, dans leur pays d'origine, danser sur de la musique électro reste interdit ou dangereux. Malgré le tournant conservateur de la politique d’Erdogan, Istanbul est devenu le seul endroit au monde où Turcs, Kurdes, Arabes, Israéliens et Iraniens peuvent se rencontrer et faire de la musique ensemble, rêvant ainsi à un avenir meilleur.