Sur l'autre rive

Dans sa belle propriété, Anna, une jeune veuve italienne criblée de dettes, organise sa rituelle fête de l'été. Il y a là Serge, son beau-fils dont elle déteste qu'il l'appelle "maman", pressé de présenter à ses amis celle qu'il vient d'épouser et qu'il aime éperdument, Sofia. Puis arrivent Sacha et son petit garçon Aliocha, femme et fils de Micha, le meilleur copain de Serge, comme toujours en retard. Lorsque celui-ci survient enfin, le drame se noue au milieu des rires : au premier regard échangé, Micha et Sofia, qui se sont passionnément aimés à 20 ans, sont aimantés l'un par l'autre. Autour d'eux, parmi les convives éméchés et réunis par la liesse, les créanciers d'Anna, faux amis, vrais requins, parlent d'argent sous couvert de sentiments. Alors que la fête s'enfonce dans l'ivresse et la nuit, les conflits éclatent un à un, jusqu'au lever d'un nouveau jour…

Êtres sans pères
Célébré pour son usage virtuose d'un genre de performance filmique, Cyril Teste invente dans ses spectacles – Festen, Opening Night et récemment une Mouette très remarquée – un langage hybride mêlant théâtre et cinéma. Avec cette transposition de Platonov de Tchekhov, il pousse encore plus loin son désir de fiction pour éclairer les impasses et les compromis de notre époque, entre héritages impossibles et argent roi. Rappelant que la pièce de Tchekhov s'appelait à l’origine Être sans père, il souligne à propos du rôle-titre, Micha Platonov, incarné par Vincent Berger, que celui-ci, comme tous les personnages du maître russe, reste "coincé dans un schéma social dont il n’arrive pas à se défaire, nostalgique des années passées, de sa jeunesse perdue, et abîmé par un père nocif qui l’a laissé sans espoir pour l’avenir". Sur l'autre rive se présente sous la forme d'un diptyque, dont ce film constitue l'un des volets. L'autre est un spectacle théâtral éponyme, en tournée de septembre 2024 à mars 2025, qui, comme toutes les créations du Collectif MxM, fait de l'image vidéo un élément organique du jeu.