Le témoin
Quand l’enquête sur l’assassinat d’une jeune fille à Reims fait remonter les noirs penchants de la bourgeoisie locale... Une vision sans pitié de la France giscardienne par Jean-Pierre Mocky, son plus farouche caricaturiste, avec Philippe Noiret et Alberto Sordi.
Un peinte italien, Antonio Berti, rend visite à Reims à son ami Robert Maurisson, un banquier ayant des vues politiques sur la mairie, qui cache, sous un air affable et une dignité irréprochable, un tempérament libertin et cynique. Chargé par le notable de la restauration de tableaux exposés dans la cathédrale, l’artiste fait appel à Cathy, une jeune fille de la chorale, pour lui servir de modèle. Lorsque cette dernière est retrouvée morte, le commissaire Guérin et son adjoint portent leurs soupçons sur Maurisson avant que celui-ci ne bénéficie d’un alibi grâce à un faux témoignage...
Jeu de massacre
En portraiturant la bourgeoisie décadente et malsaine d’une ville de province, tout en chairs molles, en rides mal maquillées et en regards traqués par peur de voir découverts les vilains secrets que cachent les faces hypocrites, Jean-Pierre Mocky s’adonne à sa spécialité, le jeu de massacre sociologique. On retrouve dans Le témoin toute la rage anarchiste du franc-tireur du cinéma français, qui ne s’embarrasse d’aucune finesse dans la caractérisation de ses personnages pour mieux s’assurer de l’efficacité de sa satire. Pour y parvenir, le réalisateur inocule l’inquiétante étrangeté de son style de bric et de broc, où le sordide fait jeu égal avec un humour grotesque et dérangeant. Au milieu de ce marigot mondain à l’atmosphère viciée, Philippe Noiret se délecte de jouer avec son image pour composer un salaud d’anthologie, un notable immoral, à la fois méprisable et terrifiant de cynisme, contrebalancé par la bonhommie innocente d’Alberto Sordi.
Réalisation
Jean-Pierre Mocky
Avec
Philippe Noiret
Alberto Sordi
Gisèle Preville
Roland Dubillard
Pays
France
Italie
Année
1978