Les dragueurs
Deux apprentis tombeurs ratissent la nuit parisienne en quête de filles... Nimbé du charme de la Nouvelle Vague mais déjà grinçant, le premier film réalisé par Jean-Pierre Mocky, qui popularisa le terme "dragueur".
Décorateur un peu fauché, Freddy poursuit son idéal féminin, qu’il croque à longueur d’esquisses… et de conquêtes d’un soir. Un samedi, il croise Joseph, modeste employé de banque qui avoue ne pas savoir s’y prendre avec les femmes. Se posant en expert de la séduction, Freddy l’embarque pour une virée nocturne à bord de sa petite décapotable. Les voilà partis pour une nuit de rencontres et de déconvenues à travers le gai Paris, au cours de laquelle ils sèmeront deux Suédoises à Montmartre et s’égareront dans une soirée de débauche à Passy.
"Une femme, quand il y en a des millions !"
Contemporain de la Nouvelle Vague, ce premier film de Jean-Pierre Mocky (si l’on excepte La tête contre les murs, qu’il ne put réaliser mais dont il revendiqua la paternité) s’y rattache par ses tournages sur le vif, en extérieur, et une veine autobiographique. Mais il s’en démarque par un ton mordant, provocateur, voire dérangeant (comme la scène avec l’adolescente dessalée risquant l’agression pédophile dans les galeries du Lido, haut lieu de drague de l’époque). "Une femme, quand il y en a des millions !", se désole un dragueur gratiné, croisé en cours de route. La diversité des milieux sociaux entrevus et des personnages féminins alpagués par ses deux séducteurs de pacotille – Aznavour jouant le cœur à prendre, Charrier le don Juan juvénile – permet à Mocky de ne pas sombrer dans la misogynie. La femme mariée, qui se prostitue occasionnellement, jugée avec une sévérité hors de propos par Freddy, la bécasse qui s’esclaffe quand on lui tâte les seins, côtoient la môme à qui on ne la fait pas ou la passante lasse, ripostant un "fatiguée d’entendre des âneries !" à une tentative d’approche poussive. À travers cette nuée d’oiseaux de nuit écumant les rues de Paris, Mocky capte aussi la vitalité d’une jeunesse d’après-guerre épicurienne, qui s’amuse à vive allure et découche allègrement, dans ce film qui popularisa le terme "dragueur".
Avec
Jean-Pierre Mocky
Anouk Aimee
Jacques Charrier
Charles Aznavour
Pays
France
Année
1958