Marion ou la métamorphose

À 15 ans, Marion apprend qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative génétique rare qui atrophie les muscles de son visage, de ses épaules et de ses bras : la FSH. Vingt ans plus tard, elle décide de reprendre le contrôle sur son corps grâce à l’art. À travers d’ingénieux collages de feuilles de papier, d’allumettes et de cordelettes, elle représente sa maladie mais s’en échappe aussi, liant et déliant ses membres dans ses créations. La jeune artiste met également en place une “machine à remonter le temps”, faite de bric et de broc, une manière pour elle de naviguer entre passé – son enfance préservée au bord d'une rivière dans les Cévennes et son adolescence marquée par la FSH – et présent : la rencontre avec son amoureux. Quant au futur, Marion aspire à le vivre le plus joyeusement possible...

Se réapproprier son corps  
"Je m’appelle Marion, je suis artiste et mon histoire ne se limite pas à ces trois lettres" (FSH), clame la plasticienne qui raconte, à la première personne, sa reconstruction par l’art. Sa “machine à remonter le temps” lui permet aussi d’interroger les membres de sa famille, atteints comme elle, plus ou moins sévèrement, par cette maladie génétique transmise par son père. C’est l’inventivité du cinéma de Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Le livre des solutions), référence assumée, qui a influencé sa technique et en particulier ses collages illustrant, tout en poésie, les ravages de la pathologie sur son corps. Marion rend en outre hommage à celle qui lui a redonné espoir et confiance dans le corps médical, Alexandra Belayew, chercheuse spécialiste de la FSH à l’université de Mons, en Belgique. Le touchant récit d’une métamorphose, qui emprunte ce propos à Montaigne : "Mon métier et mon art, c’est de vivre."