Sunshine

À la fin du XIXe siècle, en Hongrie. Propriétaire d’un bistrot, Aron Sonnenschein perd la vie dans l’explosion de l’alambic avec lequel il distillait une eau de vie médicinale très appréciée dans la région. Son fils, Emmanuel, dit Mano, quitte à pied le village pour chercher du travail à Budapest afin d’aider sa mère et son frère à survivre. Pour la famille Sonnenschein, c’est aussi l’histoire qui se met en marche. Sur les trois générations suivantes, heureux ou dramatiques, les destins des descendants de Mano (un juge, un escrimeur médaillé aux jeux Olympiques et un communiste engagé dans la police politique puis dissident) traversent les soubresauts de l’histoire de la Hongrie, de l’empire des Habsbourg jusqu’à la chute du rideau de fer. 
 
Dans le tourbillon de l’histoire
Un symbole fort : pour lancer sa carrière de juge, l’un des fils de Mano décide de changer le nom juif de sa famille en un patronyme plus hongrois – de Sonnenschein à “Sors”. L’un des points de bascule de cet imposant Sunshine, qui raconte avec une rare amplitude l’adaptation d’une lignée juive à son pays et son époque, entre tentatives d’assimilation et affirmation identitaire. Avec une élégance esthétique et une efficacité indiscutable, Istvan Szabo (Mephisto, Colonel Redl) croise saga familiale et fresque historique en englobant la disparition d’un empire, deux guerres mondiales, l’acmé et la fin du régime communiste déjà menacé par l’insurrection de 1956. À noter que pour Ralph Fiennes Sunshine est un film "total" puisque l’acteur britannique compose, à travers les décennies, le rôle du juge Ignatz, puis de son fils Adam et de son petit-fils Ivan, une performance qui lui a valu d’être distingué au Prix du cinéma européen en 1999.