One Night - Saison 1 (1/4)
Pourquoi le jeune Alfie est-il en possession d’une arme à feu ? Sous quatre angles et autant de personnages, One Night décrypte l'enchaînement de faits qui piège un enfant et conduit à une nuit tragique. Une série coup-de-poing au casting parfait.
Dans l’Est londonien, au lendemain de violences dans une cité, Alfie, 13 ans, se rend dans un commissariat pour y déposer un pistolet qu’il affirme avoir trouvé. Bien qu'identifié sur les images de vidéosurveillance en compagnie des membres d’un gang suspectés d'avoir pris part aux troubles, le garçon refuse de répondre aux questions des enquêteurs. La veille au matin, très contrarié d’avoir sans doute perdu l’un de ses gros clients, Ted, un vendeur de cuisines, a invectivé des adolescentes qui avaient jeté un détritus devant son pavillon, aux abords de la cité. Il s’est ensuite rendu au lycée et a dénoncé Rochelle, élève brillante, au proviseur adjoint…
Enfance confisquée
Et si Ted n’avait pas dénoncé Rochelle ? Et si Rochelle n’avait pas été exclue de son lycée ? À ce jeu-là, le destin gagne à tous les coups. En scrutant la nuit du drame et les heures qui l’ont précédée depuis quatre points de vue et autant de personnages, One Night en restitue le caractère inéluctable tout autant que la complexité des mondes enclavés – pavillons versus grands ensembles – dans lesquels Ted, Alfie, Rochelle et sa mère, Carol, évoluent. On pense à Elephant de Gus Van Sant, sur la fusillade de Columbine, où le temps diffracté perdait sa linéarité. Dans One Night, ce temps contrarié subsiste, seulement rythmé par l’interrogatoire d’Alfie, mené par un flic irascible incarné par Don Gilet (Good Vibrations). Remarquablement interprété, comme tous les personnages, Alfie (Billy Matthews) est l'archétype de l’enfant livré à lui-même auquel incombe trop précocement un rôle d’adulte – faisant écho à la fratrie naufragée de Nobody Knows de Hirokazu Kore-eda. Pas étonnant alors que le gamin se cherche une famille de substitution – ici les membres du gang local, capables de passer de la violence extrême, façon Orange mécanique, à la tendresse en un battement de cils. Dans ce poignant récit choral, seuls les enfants apportent une note d’espoir en reliant deux classes a priori étanches, la bourgeoise et la populaire, sans pour autant parvenir à enrayer l’effroyable fatalité. David Evans (Retour à Whitechapel, Downton Abbey) insuffle à cette série sombre et âpre des accents shakespeariens et pointe, dans une mise en scène efficace et nerveuse, une société britannique gangrenée par les inégalités.
Réalisation
David Evans
Production
BBC
Avec
Billy Matthews (Alfie)
Douglas Hodge (Ted)
Jessica Hynes (Carol)
Georgina Campbell (Rochelle)
Don Gilet (DC Hutton)
Saskia Reeves (Sally)
Neil Stuke (Kenny)
Auteur.e
Paul Smith
Pays
Royaume-Uni
Année
2011