Bergman Island

Chris et Tony, un couple de cinéastes, prennent leurs quartiers d’été à Farö, petite île suédoise de la Baltique où Ingmar Bergman, qu’ils admirent entre tous, vécut plus de quarante ans et tourna six de ses films. Alors que Tony, réalisateur déjà renommé, présente son dernier long métrage à un public conquis tout en travaillant à un projet en germe, Chris, plus jeune et encore en mal de reconnaissance, s’attelle à l’écriture d’un nouveau scénario, inspiré de son séjour, sur lequel plane désormais l’ombre aussi fertile qu’intimidante du maître suédois… 
 
Douce échappée 
Il flotte un air de vacances studieuses dans ce septième long métrage de Mia Hansen-Løve : les fraîches baignades et les longues balades à vélo dans les paysages sauvages de Farö s’y mêlent aux colloques, discussions avec d’autres "bergmaniens" en résidence, ou à ce rocambolesque "Safari Bergman", pèlerinage motorisé pour cinéphiles. Chris et Tony ont eux-mêmes hérité, en guise de gîte, de la chambre qui servit de décor à Scènes de la vie conjugale : dans ces circonstances, difficile de ne pas voir la fiction s’inviter dans le quotidien… C’est ainsi que le scénario qu’élabore Chris – Vicky Krieps, double fictif de Mia Hansen-Løve – s’impose peu à peu à l’écran, brouillant les frontières entre réalité et imaginaire, dans une mise en abîme qui convoque la figure tutélaire du grand aîné pour mieux, peut-être, s’en émanciper. Une douce échappée au casting inspiré, baignée par les lumières changeantes de l’été.