Ballerina BoysLes Ballets Trockadero de Monte Carlo

Une troupe de ballet exclusivement composée d’hommes, en tutu, maquillés et coiffés de perruques, exécutant pointes et entrechats entre deux grimaces… Comme son nom ne l’indique pas, c’est à New York qu’est née la compagnie des Ballets Trockadero de Monte Carlo, dans le sillage des émeutes de Stonewall, jalon historique de la libération homosexuelle. En 1974, des danseurs de profession, fins connaisseurs du répertoire classique et amateurs de travestissement, ont l’idée de faire interpréter par des hommes les rôles féminins les plus iconiques des ballets français ou russes, pour leur rendre un hommage savoureusement décalé. Le résultat est un show aussi hilarant que virtuose, associant aux exigences techniques de la danse l’esprit fantasque et exubérant du spectacle de drag queen, doublé d’un comique visuel millimétré. Le succès est immédiat. Loin de susciter le scandale, les premières tournées à travers l’Amérique profonde contribueront à faire tomber certains préjugés sur les homosexuels.

Subvertir les codes
Dans ce documentaire en immersion, Martie Barylick et Chana Gazit content l’étonnante histoire des "Trocks", que l’on découvre à travers les interviews de ses membres fondateurs, comme Peter Anastos, d’émouvantes archives, ainsi que les prestations des excellents jeunes danseurs de toutes origines qui ont repris le flambeau avec un enthousiasme contagieux. En presque quarante ans d’existence, la compagnie, pilier de la communauté LGBT new-yorkaise, a traversé bien des épreuves, notamment l’hécatombe des années sida, qui ravagea le monde de la danse. Elle s’est aussi agrandie et diversifiée en intégrant des danseurs noirs, étrangers, autistes ou au physique atypique, qui tous disent leur bonheur de pouvoir subvertir, par cet art plus cérébral et politique qu’il n’y paraît, les codes du ballet autant que ceux de la masculinité conventionnelle.