"Les Saltimbanques" de Kader Belarbi à la Halle aux Grains

Achevé par Picasso en 1905, Famille de saltimbanques, exposée à la National Gallery of Art de Washington, appartient à la "période rose" du peintre. Inspiré par la beauté mélancolique et la palette délicate du tableau, le danseur et chorégraphe Kader Belarbi a créé pour le Ballet du Capitole, qu'il dirige depuis près d'une décennie, ce voyage plein de poésie dans l'univers du cirque. Échappés de la toile, un Arlequin virevoltant et un bouffon massif vêtu de rouge se mêlent à une succession de tableaux chatoyants portés par une troupe éclatante, entre allégresse et nostalgie, dans les flonflons d'un accordéon virtuose.

Kaléidoscope
Acrobates et funambules, écuyères ou ballerines, Pierrot aux longues manches et clownesse aux cheveux rouges vont et viennent avec grâce et fluidité dans le cercle changeant de la danse. Ils manient une immense toile, tour à tour balluchon nomade, voile d'un bateau ou humble chapiteau, qui évoque aussi la plaine désertique dans laquelle Picasso a installé ses saltimbanques. Dans cet écrin minimal, on ne se lasse pas d'admirer l'harmonie des figures, des costumes, des décors, des lumières, qui se recomposent et se réinventent, captivant l’œil à la manière d’un kaléidoscope. Filmé en juin dernier à la Halle aux Grains de Toulouse, le spectacle vibre aussi de la joie communicative des artistes et du public, heureux de se retrouver après une longue séparation due à la pandémie.