A Place in the Sun

Touristes, voyageurs et exilés précaires se croisent à l'ombre du volcan. Eva et Frank, un couple d'Allemands, ont ouvert leur agence de voyages, Cita Reisen. Marta, une jeune maman suédoise serveuse dans un bar, tente de se reconstruire après une relation destructrice, et d'offrir un avenir plus stable à ses enfants. "Les gens qui viennent ici fuient tous quelque chose", note Danny, un Danois qui aspire à oublier ses échecs passés et à rompre avec la grisaille de son pays. Sulaiman, réfugié de Sierra Leone, poursuit son rêve d'une carrière d'athlète, alors que l’Ukrainien Eugene, en charge de sa sœur et de son neveu, s'entraîne pour devenir acrobate. Tous cherchent une place au soleil. Mais entre sable trop chaud, ballet aquatique pathétique de dauphins, fiestas peroxydées et dancefloor fatigué, l'envers de la carte postale aux couleurs saturées renvoie chacun à sa solitude, dans une atmosphère de mélancolie dégrisée. En contrechamp, au large des côtes, dans l'Atlantique, des migrants africains dérivent sur des embarcations de fortune dans l'espoir incertain d'être secourus.

En transit
Plages aux transats alignés à la Martin Parr, corps cuivrés, architecture bétonnée de loisirs rentabilisés et panoplie de piscines… En quelques plans fixes, la réalisatrice Mette Carla Albrechtsen – qui a travaillé comme guide touristique aux Canaries dans ses jeunes années – saisit les paradoxes de ce paradis artificiel mondialisé, enchaînant les séquences muettes burlesques façon Jacques Tati. Dans ces îles de transit, l'évasion a valeur d'oubli. Mais derrière l'illusion de l'avenir réinventé, le tourisme de masse noie les espoirs de liens recomposés. Car dans cette immense chorégraphie hypnotique, tout à la fois répétitive et provisoire, chacun joue dans son couloir. Lieu de passage n'est pas lieu de rencontre, et les âmes sensibles semblent flotter dans le décor.