Jusqu'à présent en Inde, les denrées essentielles telles que le riz et le blé étaient vendues sur des marchés gouvernementaux à un prix minimum fixé par l'Etat. Un système hérité de la Révolution verte des années 60 et qui a protégé pendant des décennies les paysans de la spéculation et de la fluctuation. La récente réforme - portée et défendue par le Premier ministre indien Narendra Modi en personne qui affirme qu'elle enrichira ce secteur - met un terme à ce système car les exploitants pourront directement revendre leurs produits à des entreprises privées.
Mais pour les 150 millions d'agriculteurs du pays, cette libéralisation de l'agriculture est la porte ouverte aux géants de l'agroalimentaire qui imposeraient de facto leurs prix, revus à la baisse, sans autre forme de négociation. Une situation intenable : des milliers d'entre eux sont déjà pris à la gorge, obligés de contracter des prêts à chaque début de saison pour pouvoir maintenir à flot leurs exploitations. Un cercle vicieux de l'endettement qui pousse certains fermiers au suicide, faute de pouvoir rembourser leurs emprunts.
Récit d'une révolte historique qui a mis en lumière la crise qui frappe les campagnes indiennes depuis trois décennies…