ARTE RegardsSauver Corippo, un village de montagne

À 87 ans, Clarina Scettrini est la doyenne de Corippo. Elle n’a jamais voulu quitter le village, même si celui-ci n’a cessé de se dépeupler au fur et à mesure que les jeunes partaient et que les vieux mouraient. Sept personnes vivent encore ici. Situé dans le Tessin, ce village suisse du val Varzasca est menacé de disparition. Car plus personne n’a envie de vivre à la dure dans des maisons bien trop petites et sombres. Au milieu du XIXe siècle, la localité comptait plus de 300 habitants, pour la plupart des paysans pratiquant l’agriculture itinérante dans les montagnes. En 1950, ils n’étaient plus que 70. Clarina Scettrini est encore allée à l’école communale avec 14 autres enfants. À l’époque, la cloche sonnait chaque matin. L’établissement a rapidement fermé, suivi de la poste et de la petite épicerie. Il y a près de 50 ans, Corippo a été classé monument historique. Depuis, le casse-tête n’en finit pas pour empêcher la mort de la localité ou au moins éviter qu’elle ne continue à décliner. Sept millions de francs ont jadis été alloués pour sa conservation et sa revitalisation, ce qui a valu à Corippo le sobriquet de village le plus riche de Suisse. Mais l’espoir que les gens s’y installent à nouveau a vite tourné court. Aujourd’hui, une jeune famille a décidé d'y retourner pour tenir un hôtel pas comme les autres. Cet "albergo diffuso" – une "auberge dispersée" – est composée de maisonnettes abandonnées, ou "rustici", transformées en hébergements. Nul couloir dans cet établissement, ce sont les ruelles étroites du hameau qui permettent de se déplacer. Quant à la réception, elle est installée dans l’ancienne taverne. Ce concept visant à redonner vie à la commune est né en Italie. Sauf qu’à Corippo, le projet suscite aussi la méfiance. Craignant que leur village ne soit plus qu’animé par des touristes, les habitants observent d’un œil critique toute amorce de changement.