John Neumeier : Ghost LightAvec le Ballet de Hambourg

Le Ballet de Hambourg est l’une des premières compagnies à avoir repris le chemin des salles de répétition à l’issue du premier confinement. Son directeur, le chorégraphe américain John Neumeier, a imaginé une œuvre à la fois respectueuse et inspirée des règles de distanciation physique. Ce qui au début se résumait à une tentative d’intégrer le protocole sanitaire à l’entraînement quotidien est devenu un ballet. Sur scène, les danseurs évoluent dans une parfaite harmonie sans se toucher. Seuls les couples "à la ville" ont pu enfreindre cette règle, ce qui donne lieu à d’enivrants pas de deux. Les numéros ont été répétés à distance puis assemblés à la façon d’un repas traditionnel japonais, comme "une suite de miniatures soigneusement disposées, et que l’on espère délicieuses", commente John Neumeier.

Plaisir retrouvé
Le titre Ghost Light fait référence à une tradition du théâtre américain : après un spectacle, on place sur scène un pied métallique surmonté d’une ampoule électrique, interdisant l’accès du plateau aux artistes. L’ampoule reste allumée toute la nuit, jusqu’à ce que la scène s’emplisse à nouveau de vie. Emporté par la musique pour piano de Schubert, le spectacle entremêle nostalgie et espérance. Il convoque des fantômes du passé : des éclats de Casse-noisette, de La dame aux Camélias ou la figure de Nijinski. Par leur grâce déliée, leurs mouvements précis et parfois entravés, les danseurs font partager avec délicatesse le plaisir de retrouver la scène. Pas un des soixante membres du Ballet n’a été oublié dans la distribution et le spectacle leur est dédié.

Filmé le 11 octobre 2020 au Palais des festivals de Baden-Baden, Allemagne.