Macbeth transcendé par le génial acteur Tony Warner, coqueluche du tout West End, voilà qui promet des soirées à guichets fermés. S’il arrivait quoi que ce soit à l’interprète principal de la pièce, cela occasionnerait un tort immense à tout le monde. Sauf à sa doublure.
Au vitriol
Comment expliquer cette spécificité qui fait des Anglais les maîtres de l’humour macabre ? La série Inside No. 9, carton d’audience au Royaume-Uni saison après saison, justement récompensée d’une bordée de prix, descend en droite ligne de cet humour noir au vitriol, popularisé, entre autres, par le recueil de nouvelles Bizarre ! Bizarre ! de Roald Dahl. Si l’intrigue se renouvelle à chaque fois – hormis cet étrange chiffre 9 en dénominateur commun –, Reece Shearsmith et Steve Pemberton, cocréateurs de la série, sont présents au casting de la quasi-totalité des épisodes et interprètent une effarante galerie de personnages, plus baroques les uns que les autres. On se délecte des situations morbides poussées à leur extrémité, face auxquelles le vernis policé et la proverbiale retenue britanniques volent en éclats, pour le plus grand plaisir du spectateur. Épisodes montés à l’envers, dialogues en vers, jeu de massacre, numéros chantés, horreur gothique ou encore absence totale de paroles : la forme se révèle également génialement torturée, avec une inventivité qui laisse pantois. David Chater, critique du journal The Times, souligne ainsi qu'"il est difficile de savoir quoi admirer le plus – la riche et perverse imagination de Steve Pemberton et Reece Shearsmith ou l'extraordinaire éventail de talents d'acteurs qui anime cette étrange et mémorable série." Car on y retrouve la crème de la crème de l’acting britannique : Gemma Arterton (Gemma Bovary), Helen McCrory (Peaky Blinders), Jason Watkins (The Crown), Anna Chancellor (4 mariages et 1 enterrement), Keely Hawes (Bodyguard)…