À suivre :
Sources - Les dossiers de PrigojineARTE ReportageSpécial Turquie
Un numéro spécial Turquie avec trois reportages. Ville multiculturelle, Antakya, durement frappée par le séisme, voit la cohabitation de sa population menacée - L’élection présidentielle prépare les quatre millions de Syriens de Turquie à des lendemains plus que jamais incertains - Meurtris par le séisme, les enfants reprennent peu à peu goût à la vie grâce à l’action de bénévoles.
Turquie : après le séisme, la diversité en danger
Une des zones les plus touchées par les tremblements de terre de février 2023 se situe dans et autour d’Antakya. Cette ville, qui comptait plus de 200.000 habitants avant la catastrophe, est également connue sous le nom d’Antioche, nom qu’elle portait lorsque cette région frontalière de la Syrie était sous mandat français, entre 1918 et 1938. Depuis son annexion à la Turquie, Antakya a conservé une identité différente du reste du pays, du fait de la diversité de populations et de religions qui y cohabitent : musulmans sunnites et alévis, chrétiens orthodoxes et encore quelques arméniens, héritiers des survivants du génocide de 1915. Aujourd’hui, alors que la ville est totalement détruite par le séisme de février, c’est précisément la diversité de cette région qui est menacée par les plans de reconstruction à la va-vite ordonnés par le président Erdogan. Des centaines d’immeubles en lambeaux sont détruits, des tonnes de gravats évacués de la ville pour laisser place à de vastes étendues sur lesquelles de nouveaux quartiers vont pousser, dans le respect des normes antisismiques, selon le gouvernement turc. Ce bouleversement humain et urbain aura pour conséquence un changement dans la composition de la population. Comme beaucoup d’habitants, les chrétiens sont partis se réfugier dans d’autres villes de Turquie et il n’est pas certain qu’ils reviennent. Face à ce danger, face au risque d’homogénéisation religieuse d’Antakya, les chrétiens orthodoxes ont tenu à célébrer, au milieu des ruines, une messe de Pâques. Autour du Patriarche d’Antioche, venu de Syrie où il réside, tous promettent que la ville renaîtra et que les chrétiens d’Orient resteront.
Turquie : les Syriens dans la tourmente électorale
La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde : plus de quatre millions, en très grande majorité des Syriens arrivés dans ce grand pays frontalier de la Syrie il y a plus de dix ans, au début de la guerre. L’année dernière, face aux promesses de l’opposition de renvoyer tous les Syriens de l’autre côté de la frontière, le président Erdogan déclarait : "Jamais nous ne laisserons Kemal Bey (le candidat de l’opposition – ndlr) renvoyer nos frères syriens chez eux !". Mais depuis, la popularité du président turc a chuté et la xénophobie au sein de la société turque est en hausse. Erdogan a donc annoncé l’été dernier un plan de "retours volontaires" pour un million de Syriens. Sa tentative de réconciliation avec le régime de Damas est aussi une manière de contrer l’opposition alors que les élections du 14 mai 2023 s’annoncent incertaines pour celui qui est à la tête de la Turquie depuis 20 ans. Le pays est plongé dans une crise économique et monétaire qui semble sans fin et la popularité du président Erdogan est en berne depuis des mois. L’immigration syrienne est ainsi devenue un enjeu électoral, et les Syriens en Turquie les boucs émissaires d’un pays en souffrance. Ces deux dernières années, des émeutes et des pillages ont éclaté dans les quartiers d’Istanbul et d’Ankara habités par des Syriens. Les crimes racistes sont également en hausse. Le tremblement de terre du 6 février a compliqué encore plus leur situation. Une grande majorité d’entre eux s’est établie dans la région frontalière de la Syrie ; la plus touchée par la catastrophe naturelle. Reportage de Sophie Nivelle-Cardinale auprès de Syriens confrontés à un avenir de nouveau très incertain dans une Turquie en campagne électorale.
Turquie : les enfants du séisme
Les tremblements de terre du 6 février dernier ont brutalement interrompu le cours de la vie dans la province du Hatay en Turquie. Interrompu seulement puisque, aujourd’hui, grâce à l’action de bénévoles et d’associations solidaires, les enfants meurtris par le séisme et ses conséquences reprennent goût à la vie à Antakya.
Jeux et ateliers pour retrouver des camarades et un petit quelque chose qui ressemble à l’école d’avant, visite d’une troupe de théâtre ambulante pour voir les sourires poindre et les rires fuser. De quoi oublier un temps la tragédie et prendre un nouveau départ.
Pays
France
Année
2023