ARTE ReportageLiban / Mongolie
Symbole et emblème du Liban, le cèdre est aujourd’hui menacé de disparition, victime de l’accélération brutale du réchauffement climatique et des coupes illégales de bois / Depuis 20 ans, le charbon fait la puissance économique de la Mongolie. Mais il fera peut-être aussi la malédiction d'un pays dont la pollution de l'air atteint des niveaux records.
Liban, tant qu’il y aura des cèdres
Silhouette verte qui flotte sur les drapeaux, le cèdre, emblème indissociable de l’identité nationale, représente le symbole d’appartenance des Libanais à leur pays. Aujourd’hui, les cèdres du Liban sont en train de disparaître, victimes de l’accélération brutale du réchauffement climatique et des coupes illégales de bois, un nouveau trafic qui sévit dans un pays plongé dans les affres de la pauvreté depuis l’explosion du port de Beyrouth en août 2020. Régulatrices du climat dans toute la région, les forêts - toutes essences confondues - recouvraient autrefois les montagnes. Aujourd’hui, elles n’occupent plus que 13% de la superficie totale de ce petit pays. La disparition du cèdre illustrerait-elle l’abîme dans lequel le Liban semble entraîné ? En dépit de la crise politique et économique, malgré la dévaluation de la livre libanaise, malgré la faim qui rôde, malgré l’absence de politique environnementale, ils sont une poignée à se battre pour planter de jeunes arbres en signe d’espoir et de résistance. Une tâche titanesque à laquelle le docteur Youssef Tawk a décidé de consacrer sa vie.
Médecin et responsable du petit hôpital du village de Bcharré, cet amoureux des cèdres autant que des personnes qu’il soigne, s’est lancé dans une mission qui semblait impossible au lendemain de la guerre civile : reboiser les flancs arides qui entourent la dernière forêt des patriarches, près de son village natal. Et son combat continue, toujours et encore, obstinément.
Mongolie : le mirage du charbon
Depuis 20 ans, c’est le charbon qui fait la puissance économique de la Mongolie. Grâce à ses ressources infinies, de nouvelles villes sont sorties de terre. Oulan Bator, sa capitale, se développe à grande vitesse. Dans le désert de Gobi, à 10 heures de route de Oulan-Bator, des hommes comme Altan Tsog sont fiers d’exploiter les plus grandes réserves de charbon du monde. La mine de Tavan Tolgoi est installée sur plus de 7 milliards de tonnes de charbon. Le soir, quand Altan Tsog rentre chez lui, il serre dans ses bras sa fille de deux ans. Elle souffre d’une maladie cardiaque. D’après les médecins qui travaillent sur place, ses symptômes sont liés à la poussière de charbon. Elle est dans l’air, partout, toujours. Selon une étude récente de l’Unicef, le nombre de maladies pulmonaires a été multiplié par près de 3 en dix ans. Les pneumonies sont devenues la première cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Ceux qui grandissent dans des yourtes chauffées au charbon ont une capacité respiratoire inférieure de 40% à la normale. A Oulan-Bator, où vit plus de la moitié de la population mongole, le ciel est noir, l’air épais et poisseux, empli de suie. Des mesures de pollution record sont enregistrées. Le gouvernement, conscient du problème, a désormais interdit l’usage du charbon brut, le plus sale. Mais la Mongolie est trop dépendante du charbon : le pays n’a pas les moyens de mener une véritable politique écologique. Le charbon, qui fait la richesse de la Mongolie, en fera peut-être aussi sa malédiction…
Pays
France
Année
2023