Le temps du loup

Anne, son mari Georges et leurs deux enfants, Ben et Eva, fuient la ville à la suite d’une catastrophe. Quand ils arrivent dans leur maison de campagne, ils découvrent qu’elle a été investie par un couple d’intrus. Georges, qui tente de parlementer, est froidement abattu par l’homme. Anne s’enfuit avec ses enfants. La petite famille croise bientôt la route d’un adolescent qui cherche, lui aussi, à survivre. Il les conduit à une gare. Là, un groupe de personnes a commencé à se former pour attendre le passage d’un train… 

Heures noires
De la nature de la catastrophe et des lieux où elle s’est produite, nous ne saurons rien ou presque, mais qu’importe. En entomologiste, Michael Haneke se concentre sur l’observation des humains pris dans une imprévisible rupture de la normalité. Impuissante dans l’adversité, sa petite communauté hétéroclite – d’où émergent grandes gueules, malins et victimes expiatoires – improvise un semblant de (sur)vie collective dans un bâtiment désaffecté en rase campagne. Le trio errant formé au départ par Isabelle Huppert et ses deux enfants (Lucas Biscombe et Anaïs Demoustier, débutante déjà plus que prometteuse) doit bientôt composer avec une galerie d’inconnus, campés par des visages qui ne le sont pas, de Patrice Chéreau à Béatrice Dalle, d’Olivier Gourmet à Florence Loiret Caille. Attendant, comme Godot chez Beckett, un train qui ne passe pas, ces errants semblent rejouer métaphoriquement les heures sombres de notre histoire, comme si le bruit des locomotives, l’enchevêtrement des bicyclettes abandonnées, le marché noir, la violence et la cruauté demeuraient les stigmates immuables d’une tragique débâcle.