Furyo

Java, 1942. Le capitaine Yonoi dirige d’une main de fer un camp de prisonniers anglais. Ancien diplomate parlant le japonais, le lieutenant-colonel Lawrence sert d’intermédiaire entre les geôliers et les détenus et tente d’apaiser les tensions. Mais Yonoi contraint un garde coréen à se faire hara-kiri devant les prisonniers parce qu’il a eu une relation homosexuelle avec l’un d’entre eux. Devant le dégoût manifesté par ces derniers, il ordonne en outre deux jours de jeûne. Un nouveau venu se rebelle : le major Jack Celliers, dont le charme ne laisse pas Yonoi insensible…

Mi-haine, mi-passion
Inspiré d’une nouvelle de l’auteur britannique Laurens van der Post, qui fut interné pendant quatre ans dans un camp japonais, Furyo est un film culte sur la Seconde Guerre mondiale. Dans la tradition de La grande illusion de Jean Renoir, du Duel dans le Pacifique de John Boorman ou du Pont de la rivière Kwaï de David Lean, Oshima met en scène l’horreur et le sadisme, la violence physique et psychologique. Il le fait à sa manière, introduisant entre les figures ennemies une passion homosexuelle inavouable. Derrière l’affrontement sanguinaire, il illustre la confrontation entre deux cultures, deux systèmes de valeurs. Unis par une relation faite d’attirance, de séduction et de défi, le Britannique et le Japonais sont déchirés, surtout Yonoi, coincé entre son devoir et sa fascination. Les deux acteurs, David Bowie et Ryuichi Sakamoto, par ailleurs tous deux musiciens (Ryuichi Sakamoto signe la bande-son du film, exceptionnelle), sont habités par le même charisme.