Dogville
Dans les années 1930, les habitants d’une petite ville montagneuse aux États-Unis cachent une jeune femme poursuivie par des gangsters... Un mélodrame sombre de Lars von Trier, filmé comme une pièce de théâtre. Avec Nicole Kidman, magnifique.
Dans une bourgade américaine des Rocheuses, au bout d’une route qui ne mène nulle part, vit une poignée de petites gens. L’intellectuel de la communauté, Tom Edison, un jeune homme qui se rêve écrivain, convie les habitants à des conférences sur la morale. Une nuit, il entend des coups de feu dans la montagne, suivis par l’arrivée d’une belle jeune femme élégante, aux abois, poursuivie par des gangsters. Tom l’aide à se cacher dans la mine désaffectée. Le lendemain, il réunit les habitants de Dogville et leur demande de faire preuve d’humanité en protégeant la fugitive, Grace.
L’homme est un chien pour l’homme
L’homme est-il foncièrement bon ou foncièrement mauvais ? Cette question vieille comme le monde, Lars von Trier la pose à sa manière : brillante, machiavélique et pessimiste. Pour mettre en scène cette fable mélodramatique, découpée en un prologue et neuf chapitres, il a choisi un dispositif relevant du théâtre. Dogville est entièrement filmé dans un espace restreint, éclairé comme une scène, où sont posés quelques éléments de décor – ici des bouts de murs en bois, là des meubles, une camionnette bâchée –, le reste étant dessiné sur le sol à la craie blanche. La caméra vole, vire et virevolte, captant sur son passage le jeu intériorisé des acteurs, également proche du théâtre. Ces acteurs, au premier rang desquels Nicole Kidman, étonnante, incarnent des archétypes de l’Amérique d’avant 1945 : Dogville est le premier volet d’une trilogie américaine (inachevée) que Lars von Trier a intitulée “USA, Land of Opportunities”. Mais le propos est universel. La présence de Grace à Dogville va amener chacun à changer de visage, à se montrer d’abord sous son meilleur jour avant d’endosser les traits du bourreau. De protégée et amie, la jeune femme devient peu à peu souffre-douleur et esclave. Car l’homme, capable du meilleur, choisit généralement le pire. C’est du moins la conclusion de Lars von Trier, qui clôt son film par un magistral coup de théâtre, un triomphe du cynisme. Une démonstration éclatante et sombre.
Réalisation
Lars Von Trier
Production
Pain Unlimited GmbH Filmproduktion
Slot Machine
Zentropa Entertainments
ARTE France Cinéma, WDR / ARTE
Something Else B.V.
Memfis Film & Television
Trollhättan Film AB
Zoma Films Ltd.
Sigma Films Ltd.
Producteur/-trice
Pain Unlimited
Zentropa
Vibeke Windeløv
Gillian Berrie
Bettina Brokemper
Anja Grafers
Liisa Penttilä
Els Vandevorst
Image
Anthony Dod Mantle
Montage
Molly Marlene Stensgård
Musique
Antonio Vivaldi
Avec
Nicole Kidman
Harriet Andersson
Lauren Bacall
Jean-Marc Barr
Paul Bettany
Blair Brown
James Caan
Patricia Clarkson
Jeremy Davies
Ben Gazzara
Philip Baker Hall
Thom Hoffman
Siobhan Fallon
Zeljko Ivanek
John Randolph Jones
Udo Kier
Cleo King
Miles Purinton
Bill Raymond
Chloë Sevigny
Shauna Shim
Stellan Skarsgård
Evelina Brinkemo
Anna Brobeck
Tilde Lindgren
Evelina Lundqvist
Helga Olofsson
Auteur.e
Lars Von Trier
Pays
Danemark
Allemagne
France
Année
2003