À suivre :
Homeshoppers' ParadisePasse montagne
Dans les paysages magnifiques du Jura, un chassé-croisé entre deux âmes solitaires que tout sépare. Premier long métrage de Jean-François Stévenin, une étonnante escapade buissonnière, avec Jacques Villeret en héros rimbaldien.
Serge est mécano dans un hameau du Jura. Une nuit, en virée sur l’autoroute, il rencontre Georges, en panne dans une station-service. Georges, architecte, est attendu le lendemain pour un séminaire à l’autre bout de la France. Serge prend sa voiture en remorque jusqu’à sa ferme, isolée au cœur de la forêt. Georges passe la nuit sur un lit de camp. À son réveil, il est midi et la voiture n’est pas réparée. Au cours de la journée passent des gens étranges. Serge n’a pas l’air de trouver la panne, Georges furète à droite et à gauche et découvre les "croquis" de son hôte : Serge montre alors à Georges un immense oiseau en bois qu’il a construit dans la falaise, puis lui parle d’une combe mystérieuse, de l’autre côté de la montagne…
Le poète des villes et le poète des champs
Cette étrange dérive de deux êtres que tout sépare a le charme d’un conte initiatique. Au cœur d’un paysage propice aux envolées de l’imagination – une forêt, des falaises, une route enneigée – se joue un de ces moments féconds de l’existence, celui où vient le besoin de souffler et de tout arrêter. Le personnage de Georges (Jacques Villeret) se dépouille peu à peu de sa carapace pour s’ouvrir à l’inconnu, à la surprise, à l’altérité. L’altérité, ici, c’est un "pays", le Jura, avec ses habitants, son langage, son climat, ses plaisirs et ses mystères. Mais, loin de la découverte touristique à peu de frais, la nature et les gens que rencontre Georges gardent pour lui (et pour nous) l’épaisseur d’une réalité impossible à appréhender en quelques heures. Afin de respecter cette opacité, Serge (Jean-François Stévenin) multiplie les détours, les temps perdus. Et joue avec les obstacles : paroles à la limite de l’audible, morceaux de phrases sans commencement ni fin, situations incompréhensibles, personnages dont on ne sait d’où ils viennent, ni où ils vont… Tout se déroule sans logique apparente, sans davantage d’explications. Aux questions angoissées ou énervées de Georges ("On va où alors ?", "Alors, qu’est-ce qu’on fait ?"), aucune réponse ne sera apportée. Entre baroquerie forestière et poésie cosmique, Passe montagne invite ainsi le spectateur à se laisser emporter par la force des choses et des êtres, des non-dits et des comportements étrangers. Une authentique histoire d’hommes et d’amitié.
Réalisation
Jean-Francois Stevenin
Scénario
Stéphanie Granel
Elisabeth Rappeneau
Producteur/-trice
Margaret Ménégoz
Les Films Du Losange
Image
Lionel Legros
Jean-Yves Escoffier
Montage
Marie-Claude Treilhou
Jean Gargonne
Yann Dedet
Musique
Philippe Sarde
Avec
Bernard Chemorin
Denise Gremion
Texandre Barberat
Jacques Villeret (Georges)
Jean-François Stevenin (Serge)
Yves Le Moign'
Christine Paris
Auteur.e
Michel Delahaye
Pays
France
Année
1978