Secrets et mensonges

Cynthia Purley travaille en usine et vit avec sa fille Roxanne, employée d’entretien à la voirie, dans une vieille maison, au sein d’un quartier populaire. Les deux femmes se disputent sans cesse et Cynthia noie son chagrin dans l’alcool, fuyant une vie qui ne lui a jamais fait de cadeaux. Elle a dû élever seule son frère Maurice, avant de tomber enceinte d’une petite Elizabeth, abandonnée après l’accouchement et adoptée par d'autres. Elle ne partage ce secret qu’avec son frère. Aujourd’hui, celui-ci, marié à Monica, prospère dans son atelier de photographie et délaisse sa sœur. Le retour d’Elizabeth, devenue depuis Hortense et en quête de sa vraie mère, va ébranler l’édifice familial, pris au piège de ses silences et de ses préjugés…

Famille, je vous aime !
Avec Secrets et mensonges, Palme d’or à Cannes en 1996, Mike Leigh adopte un ton optimiste qui tranche avec le sombre Naked. Le film offre une étonnante galerie de personnages en quête de racines et d’identité. Le choc de la première rencontre entre Hortense, une jeune fille noire, et sa mère blanche, donne lieu à la plus étonnante des révélations. Pourtant, la question raciale semble vite dépassée, et le désir d’affirmer ses racines dépasse les frontières. Le ton sonne juste. Chaque scène est parfaitement écrite, chaque personnage, ciselé avec précision. Mike Leigh évite tous les pièges, y compris celui de la "qualité anglaise" : il s’autorise même, ici ou là, des moments de pure improvisation, notamment lorsque les personnages sont confrontés les uns aux autres. Pour obtenir un authentique effet de surprise, le cinéaste s’est permis de "jouer" avec ses acteurs. Au moment de tourner la scène dans laquelle Cynthia présente Hortense à sa famille, personne sur le plateau ne savait qu’elle était sa fille naturelle ! En dosant le naturel et la surprise, en imaginant des personnages pittoresques et crédibles, le film trouve son équilibre entre rires et sanglots.