Lola

Lola est danseuse dans un cabaret à Nantes. Elle élève seule son petit garçon, Yvon, dont le père, Michel, a disparu avant sa naissance pour faire fortune en Amérique. Depuis sept ans, la jeune femme attend son retour sans se décourager. Un jour, Lola croise un ami d’enfance, Roland, éternel insatisfait qui songe lui-même à s’embarquer. Celui-ci lui avoue qu’il l’a toujours aimée. Mais des rumeurs affirment que Michel serait en ville…

L'espérance des jours meilleurs
Diamant à l’éclat inaltérable, Lola contient déjà tout l’univers de Jacques Demy : des dialogues ciselés, un récit construit sur des correspondances délicates, des êtres toujours sur le départ, pétris de solitude et de nostalgie, à la poursuite d’un bonheur incertain. Lola espère le retour de l’homme qu’elle aime, alors que Roland, déçu par son histoire d’amour avortée, erre dans une ville de Nantes – personnage à part entière – nimbée d’une lumière blême qui dévore peu à peu sa silhouette. Le passage Pommeraye devient le témoin de destinées marquées par la fuite, l'absence, l’espérance de jours meilleurs qui, toutefois, ne guériront jamais les blessures d’enfance. Mais le réalisateur ne s'appesantit pas sur ces vies en suspens : aidé par la caméra virtuose de Raoul Coutard et la grâce infinie d'Anouk Aimée, il masque le désespoir dans un tourbillon de beauté. Renouvelant le genre du mélodrame selon Douglas Sirk – un mélange de drame et de musique –, il laisse une place primordiale aux compositions de Michel Legrand pour signer un premier film sublime, prémices d'une œuvre qui hante la mémoire des spectateurs.