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Les rendez-vous d'Anna
123 min
Disponible jusqu'au 24/04/2025
De l'Allemagne à la France, le voyage et les rencontres d'une jeune cinéaste errante (Aurore Clément), alter ego de Chantal Akerman. Un film beau et grave sur la solitude et l'absence, hanté par la Shoah.
Jeune cinéaste parcourant l'Europe en train pour présenter son dernier film, Anna arrive à Essen, en Allemagne de l'Ouest, où une chambre a été retenue pour elle. Le soir, elle se laisse embrasser par Heinich, qui l'a accueillie à la projection, et l'invite dans sa chambre pour finalement se refuser à lui. Mais en le raccompagnant à la réception, elle accepte son invitation à fêter avec lui le lendemain l'anniversaire de sa petite fille. Plus tard, la voici à Cologne, où l'attend Ida, une amie de sa mère. Puis à la demande de cette dernière, elle s'arrête à Bruxelles, pour se rendre avec elle dans un hôtel proche de la gare et y passer la nuit. Revenue à Paris, où elle vit, Anna retrouve un amant, Daniel, qui est venu l’attendre gare du Nord…
La fugitive
Enserrant son héroïne et alter ego dans une succession de poignants plans larges, au fil de quais de gares, de couloirs d'hôtels déserts et de chambres anonymes, Chantal Akerman peint à travers elle l'image d'un monde glacé, hanté par le désespoir et le vide, rythmé par le va-et-vient et le halètement des trains. Cette Europe qui se plaint de la crise porte en elle la dévastation de la Shoah, survenue trente ans plus tôt, mais prétend pouvoir l'oublier, contrairement à la cinéaste dont une grande partie de la famille maternelle a disparu dans les camps. Un peu comme dans un tableau d'Edward Hopper, même si la couleur est ici indéniablement seventies, les lieux dépeuplés prennent vie grâce à la présence de la jeune femme, et l'œil à la fois pénétrant, grave et triste qu'elle pose sur ce(ux) qui l'entoure. Au fil de "rendez-vous" qui semblent dictés par le hasard avec des êtres perdus ou malheureux, seule Anna, qui écoute plus qu'elle ne parle mais se livre par bribes, semble assumer son errance et sa liberté, ce que certains, comme Ida, lui reprochent. À l'opposé d'une vision froide et clinique, une émotion constante irrigue ce film profond et beau sur la solitude. Elle culmine dans l'intimité des retrouvailles avec la mère (Lea Massari, superbe et déchirante apparition) et de la chanson de Piaf ("Les amants d'un jour") qu'Anna chante à Daniel, dans une autre chambre d'hôtel.
Avec
Aurore Clement
Lea Massari
Jean-Pierre Cassel
Helmut Griem
Réalisation
Chantal Akerman
Pays
Belgique
France
Année
1980