« La fusée décolle mais la Guyane reste au sol ! ». Ce slogan, qui a fusé pendant la crise, les Guyanais le connaissent depuis longtemps. Allusion à la fusée Ariane, basée à Kourou, au nord de la Guyane, cette punchline est signée Freaky Fan : une figure du rap local, aujourd’hui décédée, qui en avait fait le titre de l’un de ses morceaux. C’était en 1997 et déjà, il pointait le ressentiment des guyanais envers la situation difficile de leur département. Vingt ans plus tard, une flopée de morceaux aux textes brûlants sont apparus à mesure que la Guyane s’enflammait et des artistes – jeunes et moins jeunes, connus ou débutants - se sont fait le porte-voix de la colère à coup de rap, dancehall, reggae ou trap.
Les 500 frères
Grande source d’inspiration de cette bande-son de la révolte guyanaise : le collectif « 500 frères contre la délinquance », le visage – bien que caché – de la mobilisation. Créé après le meurtre d’un habitant d’un quartier populaire, cette armada de silhouettes noires, cagoules et carrures imposantes, s’est fait connaître en bloquant les routes, la mairie de Cayenne et même un tir de la fusée Ariane. Anciens policiers, banquiers et même mères de famille, ils ont incarné la lutte contre l’insécurité dans ce territoire le plus meurtrier de France (42 homicides en 2016 pour 252 000 habitants). Ils sont désormais les héros de titres qui célèbrent ceux que l’on surnomme là-bas les « Grands Frères ».