Giuseppe Sciola, connu sous le nom de Pinuccio, naît en 1942 dans une famille de paysans du village de San Sperate, au sud de la Sardaigne. Il grandit au milieu des nuraghi, ces édifices de pierre typiques de l'île, au look entre tourelles et tumulus. Pinuccio bénéficie d'une bourse, et part étudier l'art à Florence, Madrid, puis Paris. Revenu chez lui, il décide en 1966 de transformer son lieu de naissance en « village-musée » à ciel ouvert : inspiré par les murales mexicains, il recouvre les murs blancs de fresques, invite ses amis puis des artistes à en faire de même. Le mouvement prend de l'ampleur dans les années 1970 et on peut en voir aujourd’hui encore plus de 260 dans les rues de San Sperate.
Ses premières pietre sonore (pierres sonores) sont exposées en 1997, puis font le tour du monde avant que le célèbre architecte italien Renzo Piano n'en choisisse un bel exemplaire pour accueillir les visiteurs de la Cité de la Musique à Rome. Enracinées dans l'île où elles sont nées, les roches sonores de son jardin sont accessibles au public. Pinuccio Sciola n'a travaillé que les pierres de Sardaigne, les autres ne lui parlant décidément pas de la même façon. « J'aime me retrouver seul dans la campagne », dit -il « C'est de là aussi que viennent les sons. ». Ses déambulations pastorales sont témoin de sa philosophie, contemplatrice et légèrement hippie, version paysan sarde. Pour Pinuccio, ses sculptures sont la continuité de la vie de la pierre : les sons dévoilent l'identité de la roche, le souvenir de sa formation, exprime les tensions et les pressions qui traversent sa masse. Il ne fait que la déshabiller, la mettre à l'aise pour qu'elle raconte son histoire, entre le toucher de l'amant et l'oreille du psychanalyste. « Ce n'est pas ma musique que vous entendez, c'est un son qui vient de l'intérieur. »