A 31 ans, cette Jack l’Éventreuse du salon Ikea s’attaque aux dérives du consumérisme et du gaspillage depuis près de dix ans. Sa dent contre la société de consommation contemporaine, Lor-K la tient de ses jeunes années où, un CAP de vente en poche, elle a enchaîné les stages non rémunérés à vendre tout et n’importe quoi. Artiste pluridisciplinaire, elle façonne son street art façon Fight Club du bitume en cumulant sculptures éphémères, photographies et cartographies. Condamnée à pratiquer l’art en marge des institutions, dans la rue là ou elle s’est émerveillée plus jeune, son esprit autodidacte s’incarne à la perfection dans son livre de recettes. Mieux qu’un essai de l'école autrichienne d’économie, Eat Me vous donne toutes les clés de la destruction créatrice : 30 sculpture appétissantes réalisées à partir de matelas abandonnés dans la rue, accompagnés de la liste des ingrédients et d’un guide de préparation. Tout quidam pourra enfin changer le tas de tissu crasseux qui orne son trottoir en burger dégoulinant, prêt à être mangé des yeux.
« Faire ces aliments géants, très colorés et appétissants, c’est comme mimer notre propre société de consommation, c’est un peu comme si on mangeait notre propre merde. Par ailleurs, c’est aussi arrivé qu’on me prennent pour une personne qui vit dehors. Un jour, en me voyant sur le matelas, un enfant a demandé à sa mère : « elle est pauvre la dame ? » C’est tout un aspect autour de la stigmatisation qui devient intéressant : ces objets sont synonyme de précarité et font échos aux personnes qui ne mangent pas à leur faim. Y’a donc une forte ironie à en faire des sculptures de nourriture qui attirent tous les regards. »


