Ils ont posé leur vaisseau spatial sur le sol parisien un beau jour de 1974 : boule à zéro, tête et corps chromés, combinaisons futuristes argentées et mouvements saccadés… Leur nom : les Rockets. Des fusées, donc, tombées de l’espace sauf que les créatures robotiques s’appellent Gérard, Guy, André ou Patrick et qu’il ne débarquent pas de la stratosphère mais probablement de la ligne Nation-La Défense, qui vient d’être inaugurée en ce début de décennie seventies. Avant de devenir les extraterrestres de l’électro, les six compères traînaient leurs guêtres et leurs longues tignasses dans des groupes de musique progressive ou de hard rock. Jusqu’à ce qu’ils rencontrent le producteur qui va faire basculer leur destin : Claude Lemoine. Alien de la musique française, celui-ci s’illustrera des années plus tard en propulsant son rejeton de 4 ans, Jordy, en tête des hits parades européens et dans le Guinness Book avec le tube classé hérésie musicale, « Dur dur d’être un bébé », puis finira par dilapider les royalties du petit dans d’improbables projets de fermes pour animaux miniatures, par exemple, le fâchant à mort avec son fils. Sous la houlette de Lemoine, les Rockets, à contre courant de la tendance capillaire de l’époque, disent adieu à leurs cheveux, se peinturlurent le visage en gris et se trimballent en « rocketmobile », sorte de Fuego customisée, dans les rues de Paris. Quelque part entre Kiss et l’homme de fer du Magicien d’Oz, avec guitares customisées en forme d’étoile ou de dieu inca, les Rockets s’imposent avec leur reprise version odyssée de l’espace de Canned Heat, On the Road Again.