Suspension du Parlement britannique : la twittosphère en colère

Boris Johnson

La décision de Boris Johnson a déclenché une tempête sur les réseaux sociaux britanniques

Un peu plus d’un mois après sa nomination, l’imprévisible Boris Johnson a encore frappé ! Le Premier ministre vient d'annoncer la fermeture du Parlement de mi-septembre à mi-octobre, deux semaines avant la date prévue pour le Brexit. Une mesure très inhabituelle et largement dénoncée comme antidémocratique.

L’un des premiers à réagir a été, sans surprise, la tête de file de l’opposition, Jeremy Corbyn. Il s’est dit “indigné” par la décision de Boris Johnson, qu’il qualifie de “menace pour la démocratie”. Il promet également que son parti “obligera le gouvernement à rendre des comptes pour éviter un Brexit désastreux”.

Éternelle opposante de Boris Johnson, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a elle aussi exprimé son mécontentement face à cette décision. Elle appelle le Premier ministre à organiser de nouvelles élections avant le 31 octobre, date du Brexit, pour “laisser le peuple voter”... avant de lui demander ironiquement s’il en serait seulement capable. L’Écosse a même déjà lancé une action en justice pour empêcher la fermeture du parlement britannique.

De son côté, l’ancien ministre des Finances Philip Hammond, aujourd’hui parlementaire conservateur, ne mâche pas ses mots : il qualifie la mesure de “profondément anti-démocratique”. “Cela constituerait un véritable scandale constitutionnel si le Parlement était empêché de demander des comptes au gouvernement en cette période de crise nationale.”

Quant à John Bercow, le Président de la Chambre des Communes connu pour ses coups d’éclats et ses rappels à l’ordre en séance parlementaire, il s’est exprimé par l’intermédiaire de son porte-parole. “Je n’ai pas été en contact avec le gouvernement, mais si le rapport concernant la fermeture du Parlement est confirmé, cette décision représente un scandale constitutionnel”.

Parlement britannique, Londres.

Comme cela était attendu, Nigel Farage, le leader du Brexit Party (un parti pro-Brexit) et personnalité politique ayant œuvré à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, a félicité son collègue Boris Johnson. “L’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement [...] renforce la possibilité d’organiser des élections législatives anticipées [avant le Brexit ndlr] et est considérée comme une bonne mesure par les Brexiteers”.

Une pétition citoyenne

Une pétition a été mise en ligne peu après l’annonce de Boris Johnson, par un citoyen britannique. https://petition.parliament.uk/petitions/269157 Le nombre de signataires dépassait les 230 000 à 15h et augmente de façon exponentielle. Cette pétition rappelle celle anti-Brexit lancée en mars dernier dans le pays, qui avait récolté plus de 5 millions de signatures. Elle était également à l’origine d’une manifestation géante dans les rues de Londres le 23 mars dernier, où un million de Britanniques avaient scandé des slogans anti-Brexit et pro-européens.

Manifestation pro-EU à Londres en juillet 2019.

De leur côté, les membres du Parlement ont signé hier la “Church House Declaration”, lancée en quelques heures par plus de 160 députés à travers le pays. Lors d’une réunion multipartite, ils ont décidé ensemble de rédiger ce texte visant à utiliser “tout mécanisme possible” pour mettre un terme à un Brexit sans accord. Ils anticipaient ainsi la décision du Premier ministre. Ne reste plus qu’à attendre la décision de la Reine.

Salomé Hénon Cohin

Martha Schillmöller

28 août 2019