-
De quoi parle-t-on exactement ?
Les droits de l'homme sont définis comme les droits fondamentaux de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, lieu de résidence, sexe, origine ethnique ou nationale, couleur, religion, langue ou toute autre condition. La DUDH les regroupe autour de trente articles. Liberté d'expression, droit à la vie, interdiction de la détention arbitraire... Ils ont la particularité d'être inaliénables - c'est-à-dire qu'ils ne peuvent être cédés -, indivisibles et universels.
Aujourd'hui, l'expression "droits de l'homme" ne devrait plus être utilisée. Obsolète, cette dernière est évoquée au départ en 1789, date à laquelle les révolutionnaires français refusent d'accorder aux femmes les droits évoqués au sein de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen. Bien que la DUDH, elle, ne soit pas limitée de cette manière, il semble plus approprié d'utiliser le terme de "droits humains". C'est d'ailleurs un combat mené par de nombreuses ONG et organisations pour la défense de l'égalité entre les sexes.
-
Où prend-elle ses origines ?
Depuis l'Antiquité, de nombreux textes posent des principes fondamentaux et des règles de vie commune. Considéré comme la première déclaration des droits humains dans le monde, le cylindre de Cyrus date de 539 avant Jésus-Christ et parle notamment de la liberté de culte, de l'abolition de l'esclavage et de la liberté de choix de profession. Par la suite, d’autres écrits tels que la charte de Mandé au 12ème siècle, la Magna Carta en 1215 ou encore l’Habeas Corpus en 1679 évoquent à leur tour des droits fondamentaux. On y trouve par exemple le principe d’égalité, la protection individuelle et la détention provisoire.
La Déclaration d’indépendance des Etats-Unis de 1776 et la Déclaration universelle des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 énumèrent nombre de droits fondamentaux qui seront repris par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ces dernières ont pourtant leurs limites. La première concerne uniquement les hommes blancs et la deuxième, comme nous l’avons déjà précisé, n’applique pas les droits aux femmes.
-
Que change-t-elle concrètement ?
La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 est non contraignante pour les Etats et ne détient donc pas de valeur juridique. Sa force tient dans le fait qu’elle a engendré la création d’institutions européennes – avec, notamment, la Cour européenne des droits de l’homme – et la rédaction de traités internationaux venant concrétiser les préconisations la DUDH.
Ainsi, on voit l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies, dès 1966, du Pacte des droits civils et politiques et du Pacte des droits économiques, sociaux et culturels. Pour Cécile Coudriou, la présidente d'Amnesty International France, ces deux pactes sont une avancée majeure « puisque les Etats, s'ils les signent et les ratifient, sont contraints ensuite de les respecter. » Par la suite, plusieurs conventions évoquent également des droits humains fondamentaux, comme par exemple la Convention internationale de 1973 sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid ou encore la Convention 1989 sur les droits de l’enfant.
-
Quelles évolutions a-t-on pu observer depuis sa création ?
Aux droits civils et politiques se sont rattachés des droits économiques, sociaux et culturels puis des droits de solidarité. Dernièrement, de nouveaux droits ont vu le jour. En octobre dernier, Washington a déclaré la peine de mort inconstitutionnelle ; le mariage pour tous a été légalisé dans 24 pays entre 2004 et 2017 ; de nouveaux outils sont mis en place contre la traite des êtres humains et, depuis 2010, la lutte contre le dérèglement climatique est prise en compte dans les droits humains fondamentaux.
D'après Cécile Coudriou, il est également nécessaire de prendre en compte les évolutions du monde, des droits humains et de leurs violations : « On peut faire bouger les lignes dans le mauvais sens par rapport à l'esprit de la DUDH quand on considère par exemple que, pour lutter contre le terrorisme, on peut emprisonner de manière arbitraire des gens que l'on pense être des menaces. Ce sont des dérives que l'on ne pouvait pas forcément imaginer en 1948. »
-
Aujourd’hui, son rôle est-il encore pertinent ?
Pourtant, ces droits ne sont pas toujours appliqués, et certaines situations restent très alarmantes. D’après le dernier rapport annuel d’Amnesty international sur la situation des droits humains dans le monde, « En 2017, le monde a connu un recul des droits humains. Les signes de cette régression étaient visibles partout. » Selon la présidente de l'organisation, ce recul est notamment dû au fait que certains Etats adoptent des politiques contraires au droit international :
« Ce sont des tendances lourdes qui sont inquiétantes. Parce qu'on a l'impression que des bases qu'on avait posées sur le droit à la liberté d'expression, de manifestation, d'association... sont mises à mal.» Et ce, dans la plupart des cas, au nom de la lutte antiterroriste.
D'autres violations sont encore à déplorer : attitude inhumaine de la part des dirigeants des pays riches face à la crise des réfugiés, privation des droits fondamentaux d’accès à la nourriture, à l’eau potable, à la santé et au logement au Venezuela et en Tunisie, politiques attisant la haine et la discrimination des minorités dans les pays de l’Est, nettoyage ethnique des Rohingyas ou encore crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans de nombreux pays…
Les droits humains en quelques chiffres (pour l'année 2017)
