Les Israéliens retournent aux urnes le 17 septembre pour renouveler leur Parlement, cinq mois après des législatives où le parti de Benyamin Netanhayou, le Likoud, et celui de Benny Gantz, "Kahol Lavan" ("Bleu blanc") sont arrivés ex-aequo. Un résultat qui a abouti à une impasse : Benyamin Netanhayou, qui a occupé le poste de Premier ministre le plus longtemps dans l'histoire d'Israël, n’a pas pu former de coalition majoritaire.
Ce nouveau scrutin est d'autant plus crucial pour Benyamin Netanyahou qu'il intervient un mois avant sa comparution devant la justice pour des affaires de "corruption", "d'abus de confiance" et de "malversations". Pour l'heure, il n'est ni inculpé ni condamné, mais une victoire électorale pourrait permettre à ses alliés de voter son immunité.
Face à lui : l'ancien chef d’état-major Benny Gantz, plus libéral sur les enjeux de société, tout en cultivant une image de faucon sur les questions sécuritaires, joue la carte de la "probité".
Le match retour s'annonce âprement disputé. Selon un baromètre de la télé Channel 13, Likoud et Bleu blanc obtiendraient chacun 32 sièges sur les 120 de la Knesset (le parlement israélien).
Au total, le Likoud et ses alliés, des formations à droite ou religieuses, obtiendraient 58 sièges, et le bloc de centre-gauche 53, laissant ainsi le rôle de "faiseur de roi" au parti Israël Beiteinou d'Avigdor Lieberman, qui dit refuser toute coalition avec les religieux, alliés de Netanyahou.
Lieberman accuse les juifs ultra-orthodoxes de vouloir imposer leur vision de la religion à tous leurs concitoyens et exige que les étudiants des écoles talmudiques, bénéficiant actuellement d'exemptions, fassent leur service militaire comme la majorité des autres jeunes Israéliens.
Une promesse d’annexion controversée
La campagne électorale s'est durcie la semaine dernière avec la promesse de Benyamin Netanyahou d'annexer un pan stratégique de Cisjordanie occupée en cas de victoire. Cette promesse a été fustigée par les Palestiniens, qui y voient la fin de tout "processus de paix".
Des roquettes ont été tirées de Gaza, enclave contrôlée par les islamistes du Hamas, en direction d'Ashdod, où Benyamin Netanyahou a dû interrompre un meeting, ce qui reste une des images fortes de cette campagne. Des pays arabes, l'ONU et même la Russie ont mis en garde contre cette annexion, le bémol de Moscou étant d'autant plus significatif que Netanyahou se montre sur ses affiches serrant la main à Vladimir Poutine ou à Donald Trump.
"S'il y quelqu'un qui peut influencer le président Trump, le Congrès et l'opinion publique aux États-Unis [...], c'est bien moi", a déclaré vendredi Netanyahou, qui joue la carte de ses contacts avec de grands leaders. "Comment j'y suis parvenu ? Grâce à un ensemble d'aptitudes, à l'expérience." Benny Gantz, qui répète vouloir redonner son lustre à la fonction de Premier ministre, se montre résolu. "Je vous le dis, nous allons le battre. [...] Je suis ici pour changer le pays. Et pour y parvenir, le départ de Bibi est nécessaire", a-t-il martelé ce week-end.
Le taux de participation décisif
Contrairement à l'élection d'avril, où ils s'étaient présentés en ordre dispersé, les partis arabes israéliens, eux aussi hostiles à Netanyahou, se sont coalisés pour ce scrutin. Une bonne performance de leur part - comme en 2015, lorsqu'ils avaient terminé à la troisième place - pourrait renforcer une éventuelle coalition "anti-Bibi".
Le Likoud a d'ailleurs tenté en vain cette semaine de faire voter un amendement pour permettre la présence de caméras dans les bureaux de vote, une initiative perçue comme une tentative d'intimidation des électeurs arabes. L'autre image forte de cette campagne est d'ailleurs peut-être celle du député arabe Ayman Odeh qui s'est approché, à la Knesset, à un poil du Premier ministre pour le filmer de façon intrusive avec son téléphone.
Finalement, "le facteur décisif sera le taux de participation", estime Gayil Talshir, professeure de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem. L’universitaire n'écarte pas une coalition Gantz-Netanyahou, ou des manœuvres du Premier ministre pour s'accrocher à son poste. "La seule chose qui importe à Netanyahou est de survivre comme Premier ministre", dit-elle à l'AFP. "Je ne pense pas qu'il va quitter le pouvoir sans faire de bruit."
ARTE Info avec AFP