Véhicules récents
Un chiffre ressort particulièrement de l'étude : 43 millions… Soit le nombre "de diesels sales", toujours en circulation dans l’Union européenne. Par "diesels sales", l’ONG désigne des véhicules rejetant des niveaux d’oxydes d’azote (NOx) largement supérieurs aux normes autorisées. Une statistique d’autant plus détonante lorsqu’on sait que la pollution atmosphérique cause 400 000 morts prématurées chaque année dans l’UE.
Outre le nombre massif de véhicules "sales", c’est également l’année de mise en circulation qui interroge. "Ce chiffre [de 43 millions] ne concerne que les véhicules "récents", issus des normes Euro 5 et Euro 6, donc immatriculés après 2009", explique au micro de France Info, Florent Grelier, ingénieur pour l'ONG. Autrement dit, l'étude ne prend pas en compte les vieux modèles. "Les diesels Euro 6 crachent ces poisons de NOx à des niveaux cinq fois supérieurs aux limites légales", précise le scientifique. Très exactement, les véhicules mis en circulation après 2014 (Euro 6) recrachent 5,6 fois plus de NOx que le seuil autorisé (80 mg/km).
La France et l’Allemagne, les mauvais élèves
Les deux premières puissances économiques de l’Union européenne sont les premières visées. La France est l'État membre qui compte en effet le plus grand nombre de véhicules polluants (8 741 000), suivi de près par l’Allemagne (8 208 000). Le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne et la Belgique complètent le classement. On notera que l’hexagone a déjà été un contre-exemple de référence dans ce domaine. Seuls 4 % des modèles frauduleux de la marque Renault (également impliquée dans le "dieselgate") avaient été rappelés en concession pour mettre à jour leur moteur. De son côté, le géant allemand Volkswagen en avait rappelé près de 70 %, selon les informations du journal Le Monde.
L'UE ouvre une enquête
Trois ans plus tard, les constructeurs automobiles vont à nouveau devoir rendre des comptes.
L'UE a d’ailleurs annoncé ce mardi avoir ouvert une enquête contre BMW, Daimler et Volkswagen. Ces derniers se seraient en effet entendus pour éviter de se faire concurrence sur les technologies réduisant les émissions polluantes.
"Si elle est avérée, cette collusion a peut-être privé les consommateurs de la possibilité d'acheter des voitures moins polluantes, alors que la technologie était à la disposition des constructeurs", a déclaré la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
Des poursuites qui sont pourtant loin de rassurer certains élus européens, à l’image de la députée Karima Delli (Europe Ecologie-Les Verts) qui n’a pas hésité à partager son indignation dans les colonnes du Monde : "Les constructeurs continuent leur lobbying agressif à Bruxelles pour affaiblir les normes d’émissions polluantes afin d’écouler leurs stocks de véhicules thermiques en Europe et nous encrasser les poumons !".