Si Fernando Haddad est élu, le parti des travailleurs a d’ores et déjà annoncé qu’il reviendrait sur les lois libérales adoptées par le gouvernement de Michel Temer. L’enjeu pour la gauche est de taille, estime Frédéric Louault : "Il faudra redonner confiance aux électeurs, en luttant efficacement contre la corruption et la violence qui gangrènent la vie politique".
L’autre scénario est bien plus sombre, car il consacrerait le retour de l’autoritarisme militaire promis par Jair Bolsonaro. "Cela forcerait certainement le pouvoir judiciaire et législatif à prendre le contre-pied et la société civile à descendre dans la rue pour faire valoir ses droits", estime l'enseignant de l'Université Libre de Bruxelles. Malheureusement aujourd’hui, beaucoup d’électeurs ne croient plus dans le pouvoir pour améliorer la situation. "Ils ont l’obligation d’aller aux urnes car le vote est obligatoire", rappelle Frédéric Louault. "Mais dans la pratique, les peines sont rarement appliquées." Conséquence : les votes blancs ou nuls pourraient être les grands gagnants du premier tour.
Mais quel que soit le résultat au second tour, le futur président n’aura pas la majorité parlementaire et devra former des coalitions. Bien qu’il représente "l’institution la plus détestée des Brésiliens en raison de ses nombreux scandales de corruption", le Congrès pourrait donc constituer le dernier rempart avec le pouvoir judiciaire, capable de s’opposer au candidat d’extrême droite.
Marion Roussey