Une opposition divisée et réprimée
L’opposition est divisée et réprimée. Pendant deux ans, de 2015 à 2017, le Parlement a même été fermé après que des membres de Gorran ont été interdits d'entrée dans la capitale Erbil et dans les bureaux du gouvernement.
Le PDK et l’UPK gouvernent en utilisant leurs propres forces de sécurité pour réprimer l’opposition. Des manifestants et des journalistes qui les ont critiqués ont été attaqués et détenus. Des enquêtes sont encore en cours concernant des journalistes qui auraient été tués.
Les leaders de Gorran appellent aujourd'hui à des élections libres et équitables. Pour la première fois, le PDK et l'UPK ont été accusés de fraude aux élections législatives irakiennes de juin. Gorran a eu un score étonnamment faible, tout comme les autres partis d'opposition émergeants. Les bulletins ont été longuement recomptés pour finalement ne changer l'attribution que d'un seul siège. Malgré la présence de six consulats et des Nations Unies pour superviser les élections, des fraudes sont craintes par l'opposition.
Désirs d’indépendances refroidis
Depuis le référendum d’indépendance de septembre 2017, les relations avec le gouvernement irakien restent très tendues. Dès l'annonce des résultats, qui ont affiché 93% des votes en faveur de l'indépendance, Bagdad a mis en place des embargos, notamment dans les aéroports kurdes. Un mois plus tard, les forces irakiennes ont repris Kirkouk, riche région pétrolière disputée qui avait été reprise à Daech par les combattants kurdes. Un coup dur pour la région autonome, dont le pétrole est la principale source de revenus.
Une crise financière a suivi. Les fonctionnaires kurdes, qui étaient jusqu'ici payés par Bagdad, n'ont plus perçu de salaires pendant des mois. Lorsque leurs salaires ont recommencé à être versés, ils étaient diminués de près de moitié. Le gouvernement régional a prétexté une politique d'austérité et les citoyens ont dénoncé la corruption des autorités. Des manifestations ont éclaté en mars ; elles ont été violemment réprimées.
Dans ce climat, l'indépendance n'est plus vraiment à l'ordre du jour. Les Kurdes aspirent avant tout à un gouvernement honnête.
Pauline Ruhlmann