"Avant d'exercer leur droit au silence", ils "ont déclaré qu'ils avaient agi dans l'exercice de leur mission d'information du public, contribuant ainsi à un débat d'intérêt général majeur sur les exportations d'armes". Entendus "à titre personnel et sous le régime de l'audition libre", qui leur permet d'être assistés d'un avocat, les deux journalistes ont dénoncé dans la foulée une "tentative d'intimidation", précise le média d’investigation.
Plusieurs autres journalistes ayant également travaillé sur l’utilisation d’armes françaises au Yémen ont été entendus par les services de renseignement français dans les jours qui ont suivi. Benoît Collombat, de Radio France, dont l’audition a eu lieu le 15 mai, raconte sur franceinfo avoir été soumis à "sept pages de questions", similaires à celles posées aux reporters de Disclose, et n'avoir "pas répondu, mettant en avant le secret des sources".
Journaliste pour l'émission Quotidien, sur TMC, Valentine Oberti a été entendue quant à elle dès le 15 février. La journaliste reporter d'images et l'ingénieur du son travaillant avec elle ont aussi été convoqués, les 15 et 11 avril.
"Ce n'est pas fait pour intimider"
Troisième journaliste du média Disclose enquêtant sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite, Michel Despratx est convoqué ce 28 mai. Contrairement à ses confrères et consœurs, il n'est pas convoqué comme journaliste, mais comme simple témoin. Un statut qui ne lui permet pas d'être assisté par un avocat, ni de mettre en avant le secret des sources pour garder le silence.
Ces convocations ont été dénoncées par une vingtaine d'ONG et syndicats de journalistes, ainsi que par la Fédération européenne des journalistes (FEJ) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
"Je ne crois pas que ça les intimide, et ensuite ce n'est pas fait pour intimider", a réagi le Premier ministre Edouard Philippe sur l'antenne de franceinfo, le 16 mai. "Mais en tant que Premier ministre, je dois aussi faire respecter le droit, et notamment toute une série de dispositions relatives au confidentiel, voire au secret défense", qui sont inscrites dans la loi, au même titre que le secret des sources des journalistes. Dans ce cadre, "il appartient au gouvernement, à l'ensemble de l'administration et des pouvoirs publics, de respecter et de faire respecter ce secret", a souligné le Premier ministre.