Olivier Père

Les Amours d’Astrée et de Céladon de Eric Rohmer

Diffusé mercredi 12 juillet à 22h15, Les Amours d’Astrée et de Céladon (2006) de Eric Rohmer est également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE+7. La partie finale de l’œuvre de Rohmer est dévolue à trois films d’époque : L’Anglaise et le Duc, Triple Agent et Les Amours d’Astrée et de Céladon. Les précédentes incursions dans le passé du cinéaste s’étaient limitées à La Marquise d’O… et Perceval le Gallois.

A 87 ans Rohmer réussit une adaptation d’une partie de L’Astrée d’Honoré d’Urfé, roman fleuve de plus de 5000 pages publié de 1607 à 1627. L’Astrée est un roman pastoral qui se déroule au Vème siècle, dans une communauté gauloise du Forez.

Le berger Céladon et la bergère Astrée s’aiment d’amour pur. Trompée par un prétendant, qui lui fait croire à l’infidélité de son amoureux, Astrée congédie Céladon qui, de désespoir, se jette dans le Lignon. Elle le croit mort, mais il est secrètement sauvé par des nymphes. Fou d’amour et de désespoir, convoité par les nymphes, entouré de rivaux, Céladon est contraint de se déguiser en femme pour côtoyer Astrée.

Rohmer dédie son film à Pierre Zucca qui le premier projeta, sans succès, de porter à l’écran le roman d’Honoré d’Urfé. Rohmer s’empare à sa manière inimitable d’un classique de la littérature française qui connut un succès considérable dans toute l’Europe. C’est l’occasion pour lui d’aborder les thèmes de la tentation et de la fidélité, centraux dans son œuvre. Cette histoire lui permet également de filmer à nouveau des jeunes gens en proie au désordre des sens et des sentiments. L’importance des mots dans Les Amours d’Astrée et de Céladon n’élude en rien le souci de la composition, omniprésent dans l’œuvre de Rohmer. Il s’agit sans doute de l’un de ses films les plus ouvertement pictural, d’un raffinement et d’une précision inouïe dans les attitudes et les déplacements des protagonistes dans le cadre, que ce soit dans des paysages champêtres ou l’intimité d’une alcôve. Equilibre et grâce, sensualité et raison, fraîcheur et fantaisie : l’ultime création de Rohmer est une merveille pour les yeux et les oreilles. On ne pouvais rêver plus beau testament cinématographique de la part du plus précieux auteur de la Nouvelle Vague, à la régularité et à l’inspiration sans failles.

 

 

 

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *