Olivier Père

La Griffe de Frankenstein de Antony Balch

Dans le cadre du « Summer of… » la plateforme web d’ARTE, dès maintenant et jusqu’à fin mai 2018, propose gratuitement trois perles rares du macabre. L’un de ces films dépasse les limites de la bienséance et vous propose un voyage du côté obscur de l’humour anglais…

Avec La Griffe de Frankenstein (Horror Hospital, 1973) le cinéma d’horreur britannique nous offre ce qui restera sans doute comme son titre le plus malade et dégénéré, à peine excusé par ses intentions comiques. La Griffe de Frankenstein est un cas à part dans le cinéma d’exploitation anglais puisqu’il mélange des éléments parodiques, gore et érotiques et d’autres hérités de la culture underground. Son réalisateur Antony Balch était un effet un ami de William Burroughs avec lequel il réalisa ses premiers courts métrages, avant de sonoriser une version de La Sorcellerie à travers les âges avec la participation de l’écrivain américain. Balch était une figure de la distribution cinématographique indépendante en Grande-Bretagne, connu pour sortir des films européens art et essai dans les salles en leur attribuant des titres racoleurs. Il réalisa seulement deux films, bandes horrifiques influencées par la beat génération : Secrets of Sex (1970, pas vu) et le titre qui nous intéresse aujourd’hui. La Griffe de Frankenstein se caractérise par un mauvais goût outrancier, mixture improbable entre les bandes dessinées pour adultes, Orange mécanique, les sexy comédies anglaises, Lâchez les monstres de Gordon Hessler et L’Abominable Docteur Phibes de Robert Fuest.

 

Si le film reflète la personnalité déjantée de son réalisateur, il porte aussi la marque de son producteur Richard Gordon, pilier du cinéma bis anglais. Flairant l’aubaine commerciale de la mode du fantastique, Gordon se spécialisa dès la fin des années 50 dans les films d’horreur ou de science-fiction à petit budget. On remarque sa participation à plusieurs titres fameux pour leur folie et leurs excès en tous genres, appréciés des amateurs de films psychotroniques, des Monstres invisibles de Arthur Crabtree (1958) jusqu’à Inseminoid de Norman J. Warren (1981), son triomphe final. Mais à l’échelle de l’excentricité selon Richard Gordon, La Griffe de Frankenstein frappe haut et fort.

Un jeune rocker londonien débarque dans une étrange clinique de repos isolée où un médecin fou transforme des hippies en zombies lobotomisés. Le docteur Storm, un ancien nazi en fauteuil roulant, est interprété par Michael Gough, acteur à la longue filmographie qui fréquenta régulièrement la série B horrifique. Il livre ici une composition déchaînée, sans retenue dans les grimaces et la cruauté. Il y a aussi le cabotin Dennis Price en rabatteur homosexuel, un serviteur nain souffre-douleur, des sbires motards en combinaison de cuir et une limousine avec une lame qui décapite les fuyards. Nombreuses allusions salaces, toutes tendances sexuelles confondues, beaucoup de sang et pas mal de nudité. La Griffe de Frankenstein est une anomalie, une éclaboussure filmique que les spectateurs hagards des salles de quartier reçurent en plein visage. Il faut le voir pour le croire.

 

Cliquez sur ce lien pour découvrir La Griffe de Frankenstein, La Poupée diabolique, autre production Gordon dont nous parlions ici

https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2016/05/26/la-poupee-diabolique-de-lindsay-shonteff/

et Le Sang du vampire…

 

 

https://www.arte.tv/fr/videos/RC-014873/trois-classiques-du-cinema-dhorreur-britannique/

 

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