Olivier Père

Charade de Stanley Donen

ARTE diffuse Charade (1963) dimanche 11 juin à 20h55 dans le cadre d’une soirée dédiée à Cary Grant. Le film de Stanley Donen sera suivi du documentaire inédit Cary Grant, de l’autre côté du miroir de Mark Kidel, découvert à Cannes Classics cette année – nous avions rencontré le réalisateur sur le bateau d’ARTE, la vidéo est encore visible sur ce blog. Cet excellent documentaire raconte comment l’acteur hollywoodien, dont la vie privée fut marquée par ses rapports compliqués avec les femmes, parvint à soigner ses démons intimes et remonter à la source de traumas enfantins grâce à une cure au L.S.D. Il sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE+7.

Charade est l’antépénultième titre et le dernier film important de la magnifique carrière de Cary Grant. C’est un ultime tour de piste pour la star et Charade lui permet d’exprimer toute la palette de son génie d’acteur, parfaitement à l’aise dans l’action, l’humour, l’amour et même la bouffonnerie, avec la célèbre scène où Grant prend une douche tout habillé pour faire rire Audrey Hepburn, et celle de la danse des oranges. L’acteur, 59 ans au moment du tournage, avait hésité à accepter le rôle car il se trouvait trop vieux pour jouer un personnage romantique aux côtés d’Audrey Hepburn. Le film, comme beaucoup d’autres, insiste sur l’inconfort du personnage de Grant devant une jeune femme sûre d’elle qui multiplie les opérations de séduction et n’hésite pas à lui déclarer sa flamme. Grant, embarrassé par leur différence d’âge, passe une grande partie du film à repousser ses avances, malgré ses sentiments. Ce mélange de gêne et d’assurance, de timidité et de confiance – Grant effectue plusieurs prouesses physiques dont une bagarre violente sur un toit – est caractéristique de l’art de Cary Grant, ni vraiment Anglais ni vraiment Américain, ni héros ni homme ordinaire – sa beauté lui empêchait la moindre forme de banalité ou de conformisme.

Quant à Charade, c’est une comédie policière sophistiquée qui ne cache pas sa dette envers le cinéma d’Alfred Hitchcock. La présence même de Gary Grant figure parmi les nombreuses citations et références à l’œuvre du maître du suspense qui peuplent Charade. Mais Stanley Donen, génial auteur de quelques-uns de chefs-d’œuvre de la comédie musicale, est davantage qu’un simple imitateur. Il crée des images sur des images préexistantes, faisant de Charade l’un des premiers films américains authentiquement maniériste. Sa contribution au thriller hitchcockien est brillante et se distingue par une ironie et un sens de l’humour très personnels. L’intrigue – une course au magot dans un Paris magnifié par une direction artistique et une photographie admirables – sert de prétexte à un divertissement de haut niveau sur le thème du mensonge. Le couple formé par Cary Grant et Audrey Hepburn, d’une élégance folle,  fait des étincelles, représentatif des derniers feux du glamour hollywoodien à l’orée des années 60.

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