Olivier Père

Uniformes et jupon court de Billy Wilder

ARTE diffuse Uniformes et jupon court (The Major and the Minor, 1942) de Billy Wilder lundi 17 avril à 23h15. Cette comédie est le premier film américain de Billy Wilder. Le scénariste et cinéaste d’origine austro-hongroise avait auparavant signé un long métrage en France en 1933, Mauvaise Graine avec Danielle Darrieux, juste avant son départ pour Hollywood. Le film n’est resté qu’une semaine à l’affiche. La montée du nazisme a certes précipité l’exil de Wilder, mais son ambition de travailler à Hollywood est grande. Il officie d’abord comme scénariste pour Walsh, Leisen et surtout Lubitsch qui devient son maître et dont les conseils l’accompagneront tout au long de sa carrière. C’est en 1938 que débute sa longue collaboration avec le scénariste Charles Brackett, avec lequel il écrira des comédies pour Lubitsch, puis ses propres films jusqu’à Boulevard du crépuscule en 1950.

Après une âpre négociation avec la Paramount et le producteur Arthur Hornblow Jr., Billy Wilder réussit à obtenir ses galons de réalisateur et à mettre en scène Uniformes et jupon court en 1942. Il en est aussi le scénariste avec son complice Brackett. Le film sera un succès et permettra à Wilder de gravir rapidement les échelons de l’indépendance et du pouvoir au sein du système des studios hollywoodiens. Uniformes et jupon court peut paraître mineur au regard des futurs classiques de Wilder, mais il possède déjà plusieurs caractéristiques de son cinéma. C’est une histoire de travestissement comme dix-sept ans plus tard Certains l’aiment chaud. Le sexe – et même l’obsession sexuelle – y tiennent une place importante. Sous l’aimable comédie on peut deviner les allusions scabreuses et les situations graveleuses maquillées en divertissement tous publics par le facétieux Wilder. Une jeune femme (Ginger Rogers, photo en tête de texte) employée comme shampouineuse à domicile doit repousser les assauts d’un riche homme marié qui lui a donné rendez-vous dans sa chambre d’hôtel et attend d’elle d’autres services qu’un simple massage capillaire. Dégoûtée, elle décide de rentrer dans sa petite ville natale de l’Iowa. Sans le sou, elle triche sur son âge à la gare centrale et se fait passer pour une gamine de douze ans afin de bénéficier d’un billet de train demi-tarif. Ce mensonge sera le début d’une aventure sentimentale avec un sympathique et naïf militaire rencontré dans un wagon couchette et qui la prend sous sa protection, berné par son déguisement. Invitée dans une académie militaire, la fausse adolescente sera confrontée au désir juvénile des cadets. Certes on a connu histoire plus crédible, et il faut compter sur la mauvaise vue du personnage interprété par Ray Milland pour gober une telle imposture. Mais ça marche. Uniformes et jupon court est mené à un rythme trépidant et bénéficie de dialogues plein d’humour, typiques du disciple de Lubitsch. Tourné en 1942, le film participe aussi à l’effort de Hollywood pour accompagner l’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbour.

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