Olivier Père

Le Diabolique Docteur Mabuse de Fritz Lang

Les Acacias ressortent en salles mercredi 1er mars, en version restaurée, l’ultime chef-d’œuvre de Fritz Lang, Le Diabolique Docteur Mabuse (Die 1000 Augen des Dr. Mabuse, 1960).

De retour en Allemagne après sa période hollywoodienne Lang réalisera d’abord son sublime diptyque indien avec le producteur Artur Brauner, dynamique artisan de la reconstruction du cinéma commercial allemand après la guerre. Le dernier film de Lang, de nouveau produit par Brauner, est un serial moderne où le cinéaste retrouve le fameux Docteur Mabuse, maître du crime dont il avait déjà filmé les sinistres méfaits au temps du muet dans un film en deux parties puis dans un film sonore en 1933 Le Testament du Dr. Mabuse. Les premiers Mabuse annonçaient de manière presque divinatoire l’arrivée de Hitler au pouvoir et les méthodes des Nazis. Le dernier Mabuse, ou plutôt son disciple, est un prophète de la société de surveillance dans un monde déshumanisé peuplé d’automates et de zombies. Le Diabolique Docteur Mabuse se déroule en grande partie dans un hôtel international bâti par les Nazis avant leur chute et truffé de caméras et de miroirs sans tain qui permettent d’espionner et de faire chanter les riches clients. Si Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou étaient des voyages dans l’exotisme et le passé, Le Diabolique Docteur Mabuse frappe par sa clairvoyance et son acuité politique. Lang y propose une allégorie cruelle de l’Allemagne de l’après-guerre. Le Diabolique Docteur Mabuse, mené à un rythme frénétique, est aussi et avant tout une leçon de mise en scène, d’une précision implacable, à la beauté glaciale.

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