Olivier Père

Yojimbo de Akira Kurosawa

La deuxième partie de la rétrospective des films d’Akira Kurosawa produits par le studio Toho démarre le 25 janvier. A cette date on pourra voir ou revoir en salles (en version restaurée, et distribués par Carlotta) huit films du cinéaste japonais, parmi lesquels Yojimbo et Sanjuro, également disponibles en combo DVD et blu-ray chez Wild Side, qui leur consacre de belles éditions.

Yojimbo de Akira Kurosawa

Yojimbo de Akira Kurosawa

 

Yojimbo, réalisé en 1961, s’est appelé Le Garde du corps en France, traduction littérale du titre japonais.

Avec ce film Kurosawa puise dans le patrimoine japonais et l’histoire de son pays. Et pourtant l’inspiration occidentale de Kurosawa y est encore présente, puisque l’on constate de nombreuses similitudes avec le western et des emprunts à la littérature américaine. Yojimbo témoigne de l’ironie et de la distance que le cinéaste a précocement adoptée devant les rites et la violence du Japon féodal. Il s’agit d’une distance parodique qui désacralise le « jidai-geki » (film à costumes), et opte pour un ton picaresque, dans la lignée de La Forteresse cachée, réalisé en 1958.

L’action de Yojimbo se déroule au début du XIXème siècle, à l’époque d’Edo. Cette histoire de rônin (un samurai sans maître) attisant la discorde entre deux clans rivaux dans un village fantôme en proie à la violence servira de modèle à Sergio Leone pour son premier western Pour une poignée de dollars, qui en reprendra la trame mais aussi quelques figures de style et des éclairs de sadisme. Cela vaudra un procès pour plagiat aux producteurs du film de Leone. Mais Yojimbo n’est-il pas lui-même une adaptation pirate de « La Moisson rouge » de Dashiell Hammett? Kurosawa a avoué l’influence d’un autre roman de Hammett, « La Clé de verre » – porté à l’écran à Hollywood en 1942 – mais celle-ci est pourtant moins évidente.

L’accoutrement des samouraïs, hirsutes et dépenaillés, son antihéros sans morale apparente et l’ironie du récit ont en tous cas largement déteint sur le cinéma de genre moderne, occidental et asiatique, et en particulier le western italien. L’extraordinaire Toshiro Mifune (l’un des acteurs de prédilection de Kurosawa avec Tatsua Nakadai et Takashi Shimura, également au générique de Yojimbo) invente un personnage original d’aventurier solitaire, observateur désabusé d’un petit théâtre de la cruauté, à l’opposé du jeune chien fou qui rêvait de rejoindre le groupe des Sept Samouraïs.

Le succès de Yojimbo entrainera une suite, Sanjuro (1962), dans laquelle Mifune reprendra son rôle, sous la direction de son cinéaste fétiche.

 

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