Olivier Père

Volver de Pedro Almodóvar

ARTE diffuse Volver (2006) de Pedro Almodóvar dimanche 25 septembre à 20h45. Le film sera suivi d’un documentaire inédit consacré au cinéaste espagnol : Pedro Almodóvar – tout sur ses femmes de Sergio Mondelo à 22h40.
Volver figure parmi les plus grands succès critiques et publics de Pedro Almodóvar et l’a définitivement consacré sur la scène internationale. Ce n’est que justice. Volver est un nouvel opus dédié aux femmes, omniprésentes et admirables dans un film où les personnages masculins brillent par leur absence, leur laideur ou leur nullité.

Penélope Cruz dans Volver de Pedro Almodóvar

Penélope Cruz dans Volver de Pedro Almodóvar

Volver est un film de la maturité pour Almodóvar qui aborde une nouvelle fois les thèmes du deuil, de la mort, du mensonge ou du secret, et principalement des relations mère fille, déclinées sur deux générations. Si le fond du film est très sombre, parcouru par le spectre de l’inceste et de la violence faite aux femmes, Almodóvar opte pour une esthétique solaire et situe Volver dans la province de la Mancha dont il est originaire. Volver est un retour aux sources, un hommage aux femmes de son enfance, et aux traditions de l’Espagne populaire, avec les rôles primordiaux que jouent la musique, la fête ou la nourriture comme liens sociaux et familiaux – une part de l’action de déroule dans un petit restaurant de quartier. On aurait tort de réduire l’univers de Pedro Almodóvar à un folklore coloré et kitsch qui s’enivre de sa fantaisie. Avec les années le cinéaste s’est détourné des provocations et des pastiches de ses débuts pour démontrer une virtuosité étourdissante dans l’art du récit. Volver parvient à raconter plusieurs destins de femmes intimement mêlés, dénouer différentes intrigues avec des éléments empruntés au cinéma criminel et fantastique – un cadavre à faire disparaître, un fantôme qui apparaît – sans jamais avoir recours à des facilités scénaristiques ou des conventions comme le retour en arrière ou la hors champ. Les dialogues parviennent à exposer, nourrir et résoudre les drames, tourments et incompréhensions qui déchirent les femmes d’une même famille, unies ou séparés par des actes odieux commis par des hommes. La mise en scène de Pedro Almodóvar est au diapason de la fluidité de son écriture. L’interprétation sensuelle et émouvante de Penélope Cruz et des actrices qui l’entourent, toutes admirables, donne une incarnation exceptionnelle à ce film qui s’inscrit dans la plus belle tradition du mélodrame et du « women’s picture » hollywoodiens, en y apportant un style et une forme qui n’appartiennent qu’au cinéaste.

Le 25 octobre TF1 studio édite un superbe coffret, « Almodóvar anthologie », qui réunit 18 longs métrages du cinéaste espagnol, parmi lesquels 13 titres inédits en blu-ray, soit la quasi intégralité de son œuvre – manquent principalement Matador et Le Labyrinthe des passions pour des questions de droits. Avec aussi deux heures de suppléments autour de la Movida et des entretiens exclusifs avec Almodóvar et sa troupe de comédien(ne)s et proches collaborateurs. Un cadeau de rêve pour les cinéphiles.

Catégories : Actualités · Sur ARTE

Un commentaire

  1. Arturo ESPEJO dit :

    Dans le film d’Almodovar « Volver », le compositeur de musiques de films Alberto Iglesias est présenté comme l’auteur de la musique de « Volver ». En réalité il s’agit d’un pasticheur qui ne fait aucune référence au Français ( franco-argentin ) Carlos Gardel qui est l’auteur de l’oeuvre originale : « Volver ». Je suis pour le respect des oeuvres et des auteurs et contre ceux qui obtiennent des succès faciles avec leurs pastiches, qui devraient être dénoncés.A

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *