Vous êtes ici : ARTE diffuse Eté violent (Estate violenta, 1959) de Valerio Zulini, avec Jean-Louis Trintignant, Eleonora Rossi Drago, Jacqueline Sassard et Lilla Brignone dans les rôles principaux lundi 10 octobre à 22h45. Le film sera également visible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE+7.
Eté violent est l’un des principaux titres de gloire de Valerio Zurlini, cinéaste aussi rare que précieux, adulé des cinéphiles, à qui l’on doit une poignée de chefs-d’œuvre secrets comme La Fille à la valise, Journal intime ou Le Professeur. Ici, Zurlini plonge ses deux protagonistes, un garçon insouciant de la jeunesse dorée fasciste et une veuve de trente ans, à la fois dans la tourmente de l’Histoire (nous sommes en été 1943) et celle du désordre amoureux. Ils subiront la chute de Mussolini et les derniers soubresauts sanglants de la guerre, ainsi que les conséquences d’une passion impossible à vivre dans la société bourgeoise de Rimini. Zurlini a inventé durant l’âge d’or du cinéma italien le mélodrame moderne, critique et lyrique, à mi-chemin entre les révolutions formelles de la Nouvelle Vague et les genres populaires de l’époque. Ce film bouleversant doit beaucoup au talent et à la beauté de ses interprètes, Jean-Louis Trintignant et Eleonora Rossi Drago. Lui angélique à la manière de Jacques Perrin dans les films suivants de Zurlini, elle magnifique de sensualité, ils insufflent à cet été violent un érotisme désespéré et une tristesse qui n’abandonnèrent jamais la vie et le cinéma de Valerio Zurlini.
Jean-Louis Trintignant et Eleonora Rossi Drago dans Eté violent de Valerio Zurlini © Les Films du Camélia
Vu deux films de Zurlini jusqu’à présent. Celui-ci et La Fille à la Valise. Estate Violenta est un film magnifique, largement supérieur à la fille.
Son cinéma est ouvertement et sans aucun complexe mélodramatique, Estate Violenta est une histoire d’amour impossible comme les Italiens aiment en raconter et depuis longtemps, depuis l’antiquité surement, avant que la comédie à l’italienne, ne viennent tordre les sentiments par son ironie impitoyable.
Il y a une scène remarquable dans ce film, une scène d’anthologie, une séquences merveilleuse qui justifie que le film existe pour elle-seule car elle illustre bien cet art de Zurlini de mettre en scène, de diriger les acteurs: la scène qui se déroule dans la maison du père de Trintignant qui est à la fois gaie, insouciante et en même temps imprégnée d’un sentiment de sérieux, de gravité.
Tout cette scène de son début au baiser qui s’échange dans le jardin, je la trouve magnifique, on y croit totalement, et en même temps, tout est intensifié, tout en mis en scène, mis en musique, chorégraphié et, bien qu’il y ait peu de dialogues, on comprend bien ce que ressentent les personnages, où ils en sont les uns par rapport aux autres.
J’ai eu une grande déception en apprenant, de la bouche de Trintignant, que Zurlini n’était pas le metteur en scène du Désert des Tartares, qu’il a céder le tournage à son assistant en raison d’une grave crise nerveuse… Vrai ou faux?
Zurlini a réalisé deux autres chefs-d’oeuvre Le Professeur (la prima notte di quiete) avec Alain Delon (à voir dans sa version intégrale italienne, sortie en BR chez Pathé et en salle grâce aux films du Camélia il y a quelques années) et Journal intime (Cronaca familiare) avec Marcello Mastroianni et Jacques Perrin, plus difficile à revoir. Oui Zurlini était malade et dépressif sur le tournage du Désert des tartares une grande partie du film a été réalisée par son premier assistant Christian de Chalonge.
Dans ce cas, je suis curieux de savoir ce que pense Christian de Chalonge de ce que chacun aujourd’hui considère ce film très célèbre comme une œuvre de Zurlini. Ça doit être extraordinairement frustrant!