Olivier Père

Sueurs froides de Alfred Hitchcock

ARTE diffuse Sueurs froides (Vertigo, 1958) de Alfred Hitchcock dimanche 24 avril à 20h50. Avant d’être élu plus beau film de l’histoire du cinéma par un panel de critiques internationaux il y a quelques années, Sueurs froides a longtemps été un film maudit, semi échec public au moment de sa sortie, accueilli avec scepticisme par la presse. Sueurs froides est un effet le film le plus expérimental et intime de Hitchcock, où le cinéaste assouvit sans retenue ses fantasmes, ses obsessions secrètes, s’affranchissant des règles scénaristiques pour composer un poème morbide au cœur de l’industrie hollywoodienne. Hitchcock présentait d’ailleurs son film à François Truffaut dans leur fameux livre d’entretiens en ces termes : « Il y a la volonté qui anime cet homme de créer une image sexuelle impossible ; pour dire les choses simplement, cet homme veut coucher avec une morte, c’est de la nécrophilie. »

Sueurs froides s’inspire d’un roman français de Boileau-Narcejac pour prendre de nombreuses libertés avec sa source littéraire. James Stewart, habitué aux personnages moraux et sympathiques, y est utilisé dans un contre-emploi de détective névrosé et psychologiquement fragile, dont l’acrophobie est la conséquence directe de la mort d’un policier au début du film. Sa faiblesse le fera tomber dans un piège. Hitchcock travaille le motif du dédoublement et de la fabrication d’un personnage, introduisant le mythe de Pygmalion dans la seconde partie du film. Sueurs froides devient alors un film sur le cinéma, et la relation perverse qui peut unir une actrice et son metteur en scène. Objet de vénération pour de nombreux cinéphiles et cinéastes, Sueurs froides est devenu un titre séminal de l’histoire du cinéma. Davantage que tout autre film sa matière poétique, ses images rêvées et sa structure répétitive sont une invitation à la citation, à la variation et même à la duplication. Véritables matrices de tout un courant maniériste et postmoderne, les spirales de Sueurs froides ont disséminée leurs effluves vénéneuses dans l’imaginaire des spectateurs et de futurs réalisateurs. Pour l’éternité.

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