Olivier Père

Le Dictateur de Charles Chaplin

ARTE diffuse Le Dictateur (The Great Dictator, 1940) de Charles Chaplin dimanche 3 avril à 20h45. Le film sera également visible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE+7.

Le Dictateur est le plus grand succès commercial de toute la carrière de Chaplin, c’est aussi un film qui dépasse la recherche de l’effet comique, et la veine sentimentale de son auteur pour s’imposer comme le titre le plus célèbre de la propagande antinazie entreprise à Hollywood avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Chaplin a le mérite de s’être engagé contre Hitler bien avant le gouvernement des Etats-Unis, à une époque où seule l’Angleterre résistait à l’Allemagne nazie. Le Dictateur, qu’il a lui-même produit, est le cri d’alarme d’un seul homme (et d’un homme seul, souvent attaqué par ses pairs et une grande partie des Américains qui prônait l’attentisme) pour mobiliser l’opinion publique américaine en faveur des démocraties européennes menacées par les Nazis, et aussi pour l’alerter des persécutions dont étaient victimes les populations juives en Allemagne. Les changements de noms et l’invention de pays imaginaires ne bernent personne. Le Dictateur donne à voir avec Adénoïde Hynkel le dictateur de Tomania la plus virulente charge satirique qu’on puisse imaginer sur Adolf Hitler, pensée et exécutée dans le feu de l’actualité. Chaplin joue de la ressemblance physique de Hitler avec son personnage du vagabond – même petite moustache brune – pour donner naissance à un nouvel alter ego, un barbier juif amnésique depuis les combats de la Première Guerre mondiale qui retrouve son quartier transformé en ghetto, où les milices de Hynkel font régner la terreur. Si certains gags visuels sont devenus mythiques – Hynkel jouant avec un globe terrestre – Le Dictateur est aussi l’adieu au cinéma muet de Chaplin, et son premier long métrage parlant. Chaplin accepte enfin, plus de dix ans après les débuts du cinéma parlant, de filmer la parole. Elle est soit passée au filtre du burlesque, comme plus tard chez Tati – invention d’un salmigondis qui ressemble à de l’Allemand de cuisine, soit filmée de manière frontale, dans le respect de la durée et le refus du découpage – l’émouvant monologue final du petit barbier juif dans les habits du tyran antisémite.

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