Olivier Père

La Piscine de Jacques Deray

ARTE diffuse La Piscine (1968) mercredi 24 février à 20h55, dans le cadre de son hommage à Alain Delon. Ce drame psychologique mis en scène par Jacques Deray – peut-être son meilleur film – et adapté par Jean-Claude Carrière permet d’admirer Alain Delon et Romy Schneider au sommet de leur beauté, accompagnés par Maurice Ronet et la jeune Jane Birkin. La Piscine organise un ballet pervers en huis-clos entre un couple d’amants hautement désirable (et désirant) et leurs invités, un ami à l’assurance un peu vulgaire et sa séduisante fille. Nous sommes dans un milieu aisé et mondain comme le rappellent la villa sur les hauteurs de Saint-Tropez qui sert de cadre au film et les occupations des personnages (l’un travaille dans la publicité après l’arrêt de ses velléités d’écrivain, l’autre gagne beaucoup d’argent dans l’industrie du disque). Bientôt les relations amicales et la banalité des conversations laissent transpirer la rivalité masculine, la jalousie… La violence éclate entre les deux hommes, autour de la réussite sociale mais surtout de la possession de la très désirable Marianne interprétée par Romy Schneider qui effectuait ici un remarquable retour sur le devant le la scène cinématographique après une éclipse de plusieurs années. Ce grand succès du cinéma français possède un érotisme et une atmosphère trouble que Jacques Deray ne retrouvera pas dans la suite de sa carrière. La musique de Michel Legrand accompagne à la perfection la moite sensualité de cette étude de mœurs qui bascule dans le meurtre. Au-delà de son histoire de désir et de mort La Piscine est synchrone avec la France de mai 1968 et certains élans libertaires vite récupérés par les classes aisées et la bourgeoisie. Les personnages névrosés et narcissiques du film de Jacques Deray se moquent de la révolution ou de la lutte des classes mais s’approprient le slogan « il est interdit d’interdire », jouant à leurs risque et péril avec les tabous du sadomasochisme, de l’inceste et même du meurtre. Il faut saluer l’interprétation subtile de Alain Delon qui retrouve la pathologie meurtrière et l’humiliation sociale de Ripley dans Plein Soleil, parallélisme souligné par la présence de Maurice Ronet en alter ego haïssable et décadent.

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Un commentaire

  1. Littardi dit :

    Un chef d’oeuvre qui devrait être gratuit après plus d’un demi siècle…..

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