Olivier Père

Traitement de choc de Alain Jessua

Dans le cadre de son cycle consacré à Alain Delon ARTE diffuse Traitement de choc (1973) de Alain Jessua lundi 22 février à 22h45.

Traitement de choc s’avère une réussite originale du fantastique social à la française, catégorie guère illustrée par nos cinéastes. Non seulement le film fait figure d’électron libre au milieu de la production commerciale hexagonale, mais il anticipe aussi de quelques années plusieurs thrillers médicaux anglo-saxons qui feront date dans le registre de l’horreur médicale, comme Frissons (1975) et Rage (1976) de David Cronenberg, ou Morts suspectes (1978) de Michael Crichton. Au travers d’une inquiétante histoire de clinique de thalassothérapie de luxe sur la côte bretonne Traitement de choc propose une vision paranoïaque des élites bourgeoises qui se nourrissent littéralement du sang des travailleurs immigrés. La parabole est astucieuse et Jessua se livre à une fine étude d’observation de mœurs. Les patients de l’institut sont appréhendés comme des libertins sadiens qui forment une communauté et se considèrent au-dessus des lois et des interdits moraux. Blonds, athlétiques et bronzés, ils ne dépareilleraient pas dans un porno-soft giscardien. Traitement de choc ose une approche Grand-Guignol et « pulp » de certains dossiers sociologiques en vogue à l’époque comme le boom économique, la crise des cadres ou la libération des mœurs. Manchette fera un peu la même chose dans ses « néo noirs » des années 70. Loin du maigrelet cinéma bis national des années 70 Jessua bénéficie de la présence des deux plus grandes vedettes du cinéma français de l’époque, particulièrement investies dans ce projet hors-normes. Avant que ne surviennent les macabres révélations de Traitement de choc les spectateurs devront accuser un premier choc, tout aussi surprenant mais beaucoup plus agréable : le nu intégral et décomplexé de Alain Delon et Annie Girardot lors d’un bain de groupe sur une plage bretonne, rythmé par de la musique brésilienne. Un must pour les amateurs de curiosités cinématographiques.

 

 

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2 commentaires

  1. Francis Broka dit :

    Et Annie toute nue était absolument merveilleuse!

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