Olivier Père

Cycle Agatha Christie sur ARTE

ARTE consacre une programmation spéciale à Agatha Christie avec la diffusion de quatre des plus fameuses adaptations cinématographiques de ses romans : trois concernent des enquêtes du détective belge Hercule Poirot (Mort sur le Nil, Meurtre au soleil, Le Crime de l’Orient-Express), la quatrième (Le miroir se brisa) met en scène Miss Marple, vieille dame experte à ses heures perdues dans la résolution d’énigmes criminelles. Agatha Christie popularisa le « whodunit » (« qui l’a fait ? »), sous-genre du roman policier dans lequel la recherche et l’interprétation d’indices mènent à la découverte du coupable. Ces quatre films, que l’ont doit aux mêmes producteurs britanniques, possèdent le charme suranné des illustrations costumées qui lorgnent vers le téléfilm de luxe (surtout en ce qui concerne les réalisations de Guy Hamilton), la partie de Cluedo et le pavillon de gériatrie, où se bouscule une cohorte d’acteurs anglo-saxons survivants de l’âge d’or hollywoodien, entre une apparition dans un film catastrophe, un épisode de La croisière s’amuse ou un cacheton doré en Europe. Que l’on en juge : Bette Davis, David Niven, Jack Warden (Mort sur le Nil), Kim Novak, Elizabeth Taylor, Rock Hudson, Tony Curtis (Le miroir se brisa), Roddy McDowall, James Mason (Meurtre au soleil), Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Richard Widmark (Le Crime de l’Orient-Express) sont réunis pour cabotiner en chœur dans des sites touristiques grandioses, de belles stations balnéaires et les studios d’Elstree, entre une rasade de whisky ou une tasse de thé. Certaines de ces vedettes rempileront dans une deuxième film mais en y interprétant un personnage différent, comme Jane Birkin ou Angela Lansbury par exemple. Le Crime de l’Orient-Express se situe un peu à part dans cette série de films produits entre le milieu des années 70 et le début des années 80. Il est réalisé par l’Américain Sidney Lumet qui conclue la période londonienne de sa carrière avec un titre sans doute plus impersonnel que ses œuvres précédentes, même si l’argument criminel demeure. Ce spécialiste des huis-clos et des films de groupe se montre néanmoins l’homme de la situation et signe un « whodunit » élégant, doté d’une direction artistique particulièrement soignée (photographie du grand Geoffrey Unsworth). Un Albert Finney méconnaissable y interprète Hercule Poirot, rôle qui sera ensuite repris avec gourmandise par Peter Ustinov au cinéma (quatre films) et à la télévision. L’incarnation de Finney sera la seule à recueillir les pleins suffrages de Agatha Christie mais c’est Ustinov qui s’emparera de Hercule Poirot sur le grand et le petit écran, détournant le détective vers la caricature et la parodie pour la plus grande joie du public.

Mort sur le Nil est sans doute le film d’après Agatha Christie qui bénéficie du générique le plus prestigieux, réunissant les noms du scénariste et dramaturge Anthony Shaffer (Le Limier, Frenzy) à l’adaptation, Jack Cardiff prince du Technicolor à la photographie et Nino Rota (compositeur fétiche de Fellini) à la musique. La mise en scène est confiée à John Guillermin, solide professionnel du cinéma britannique décédé en 2015. Après des débuts dans le giron des films de guerre, d’aventures et d’espionnage anglais des années 50, Guillermin accède aux commandes de superproductions internationales souvent réussies (Le Crépuscule des aigles). A Hollywood il réalise La Tour infernale, classique du film catastrophe alors en vogue et un remake colossal de King Kong sous la houlette de Dino De Laurentiis. Mort sur le Nil sera le chant du cygne de ce réalisateur qui mit constamment ses compétences au service de producteurs interventionnistes (en l’occurrence John Brabourne et Richard B. Goodwin) et de genres très codifiés. Coincés entre le cinéma catastrophe et les « James Bond » (avec lesquels ils partagent acteurs et réalisateurs) les « Agatha Christie films » appartiennent à la culture du divertissement et à la mode rétro des années 70, juste avant que l’industrie du spectacle ne passe à autre chose et relègue ces fictions désuètes à la télévision. Ce sont d’ailleurs les producteurs Menahem Golan et Yoram Globus fossoyeurs enthousiastes et involontaires de plusieurs « franchises » cinématographiques qui enterreront les aventures de Hercule Poirot sur grand écran avec le tardif Rendez-vous avec la mort (Appointment with Death, 1988) de Michael Winner, absent de ce cycle.

 

 

Mort sur le Nil (Death on the Nile, 1977) de John Guillermin

Lundi 4 janvier à 20h50

 

Meurtre au soleil (Evil Under the Sun, 1982) de Guy Hamilton

Lundi 4 janvier à 23h10

 

Le Crime de l’Orient-Express (Murder on the Orient-Express, 1974) de Sidney Lumet

Lundi 11 janvier à 20h50

 

Le miroir se brisa (The Mirror Crack’d, 1980) de Guy Hamilton

Lundi 11 janvier à 22h55

 

 

 

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