Olivier Père

French Cancan de Jean Renoir

ARTE diffuse lundi 29 décembre à 20h50 French Cancan (1955) de Jean Renoir. Ce chef-d’œuvre du cinéma français d’après-guerre marque les retrouvailles de Jean Renoir et de Jean Gabin, après leurs grands films réalisés dans les années 30, Les Bas-fonds, La Grande Illusion et La Bête humaine (bientôt sur ARTE), à l’époque où l’association des deux hommes domine la production nationale.

De retour de son exil américain, Jean Renoir passe par l’Inde (Le Fleuve) et l’Italie (Le Carrosse d’or) avant de signer un nouveau film français. Jean Gabin, parti lui aussi à Hollywood pendant la guerre, peine à reconquérir le cœur des spectateurs français, même si Touchez pas au grisbi, en 1953, a permis à l’acteur de renouer avec le succès, grâce à un rôle magnifique dans lequel l’acteur assume enfin son âge devant la caméra de Jacques Becker.

Ce nouveau tournage ensemble débutera froidement – Gabin très vexé que Renoir n’ait fait appel à lui qu’après le désistement de son premier choix d’acteur, Charles Boyer – mais French Cancan verra finalement le triomphe des deux « patrons » du cinéma français dans un film en forme d’hommage au monde du spectacle, une évocation émue d’un Paris qui n’existe plus.

 

A travers les amours tumultueuses de Danglard (Jean Gabin), producteur de spectacles et propriétaire d’un cabaret, les splendeurs et les misères du petit et du grand monde du Montmartre de la grande époque, sa foule mélangée d’aristocrates et de courtisanes, de voyous et de politiciens, de gens du monde et d’hommes de la rue. Le personnage de Danglard est inspiré par celui réel de Charles-Joseph Zidler, le cofondateur du Moulin Rouge. Gravite autour de lui une cour bigarrée merveilleusement mise en scène par Renoir qui retrouve le gout du mouvement, du cadre et des couleurs des tableaux de son père.

French Cancan est un « drame gai » comme Renoir les affectionnait dans lequel le cinéaste exalte les joies de la vie d’une troupe artistique, la sensualité des jeunes femmes tout en proposant une réflexion sur son métier, avec la vérité des êtres et des sentiments qui jaillit des artifices des décors et de la mise en scène. Plus profondément Renoir organise une farandole de trahisons, de passions et de séductions, de maîtresses possessives et de jeunes danseuses affriolantes pour mieux montrer que l’amour exclusif de Danglard est celui du music-hall, sa seule raison de vivre la réussite de ses spectacles, tel un réalisateur Pygmalion créant un désordre dionysiaque autour de lui pour s’en étourdir et le contrôler en même temps.

Photo en tête de texte : Jean Gabin et la délicieuse Françoise Arnoul dans French Cancan.

 

 

 

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