Olivier Père

From Beyond : aux portes de l’au-delà de Stuart Gordon

L’éditeur Sidonis / Calysta propose à la vente en DVD et Blu-ray à partir du 22 octobre From Beyond : aux portes de l’au-delà (From Beyond, 1986) de Stuart Gordon.

Issu de la scène théâtrale de Chicago Stuart Gordon s’impose au milieu des années 80 comme un petit-maître du nouveau cinéma fantastique de série B grâce à une adaptation surprenante, irrévérencieuse et très gore d’une nouvelle de H.P. Lovecraft, le fameux Re-Animator. Le film est un succès et engendrera une suite réalisée par Brian Yuzna. Gordon poursuit sa carrière sous la bannière d’Empire Pictures la société de production de Charles Band avec From Beyond : aux portes de l’au-delà (toujours lointainement adapté de Lovecraft), Dolls et Robojox, un échec qui entraînera la faillite de la société. On retrouve Stuart Gordon comme scénariste au générique de Body Snatchers d’Abel Ferrara et Chérie j’ai rétréci les gosses, une production Disney qui remportera un grand succès. Gordon retrouve Charles Band pour un nouveau film d’horreur destiné au marché vidéo : une nouvelle adaptation du Puits et le Pendule d’Edgar Allan Poe après celle de Roger Corman. Dans les années 90 il réalise aussi Fortress, un film de science-fiction avec Christophe Lambert alors au sommet de sa gloire en Europe, Dagon, une nouvelle adaptation (très réussie) de Lovecraft tournée en Espagne, Castle Freak, hommage au cinéma d’horreur gothique tourné en Italie. Dans les années 2000 Stuart Gordon a participé à l’anthologie « Masters of Horror » pour la télévision. Depuis le remarquable et très dérangeant King of the Ants en 2003, le cinéaste s’oriente vers un cinéma plus psychologique, même s’il conserve des éléments propres au fantastique ou à l’horreur, comme Edmond ou Stuck, des films qui confirment tout le bien que l’on est en droit de penser de ce cinéaste furieusement sous-estimé, véritable auteur indépendant ayant fait toute sa carrière dans les marges du système, œuvrant pour les sociétés de production les plus fauchés et mal famées (King of the Ants fut produit par Asylum) sans jamais renoncer à la singularité de son travail.

From Beyond : aux portes de l’au-delà fut entrepris immédiatement après le succès surprise du premier long métrage de Stuart Gordon, Re-Animator, réjouissante adaptation d’une nouvelle de Lovecraft à la sauce Grand-Guignol, avec un mélange de gore et d’humour noir mis à la mode par Sam Raimi et ses Evil Dead et très caractéristique du cinéma d’horreur américain des années 80.

Deux chercheurs en paranormal, le docteur Pretorius et son assistant Crawford Tillinghast, mettent au point un appareil censé stimuler la glande pinéale, organe peu connu situé dans le cerveau. Lors de la première expérimentation du résonateur, d’étrange formes apparaissent, flottant dans les airs. Celles-ci attaquent les deux scientifiques et seul Crawford s’en sort indemne, Pretorius étant avalé dans une dimension parallèle. Interné après avoir voulu raconter son histoire, une jeune psychiatre décide de s’occuper de lui et lui demande de retourner dans la maison du docteur Pretorius afin de reconduire l’expérience. Ils découvrent que Pretorius a été transformé en monstre répugnant et libidineux après son passage dans l’au-delà, avide de puissance et de sensations fortes. La saveur particulière des trois premiers films de Gordon (Re-Animator, From Beyond et Dolls) est celle des productions de séries B d’Empire Pictures, mais un cran au-dessus du niveau moyen de ces bandes fauchées tournées à la chaine dans des studios romains par souci économique.

From Beyond : aux portes de l’au-delà se distingue de Re-Animator par son refus des blagues de carabin et sa volonté de traiter avec sérieux une histoire délirante, ce qui sera reproché à Gordon au moment de la sortie, mais aussi une esthétique bariolée avec des éclairages roses ou bleus que n’aurait pas renié Mario Bava (c’est la touche italienne du film). Le cinéaste, qui voulait dépasser les excès grotesques de son film précédent en matière d’érotisme déviant et d’effets spéciaux sanguinolents devra aussi transiger avec la censure et couper certaines scènes.

Barbara Crampton dans From Beyond

Barbara Crampton dans From Beyond

Lovecraft sert de point de départ à un film d’horreur dont les amas de gélatine et les créatures en caoutchouc peuvent paraître des représentations maladroites des visions cauchemardesques de l’écrivain de l’indicible. Mais il faut reconnaître que Gordon n’a pas froid aux yeux et qu’il offre aux amateurs leur lot de scènes choc et d’idées tordues, telle cette glande pinéale sortant du front des personnages aux sens déchainés. Stuart Gordon aura aussi révélé une des plus girondes « Scream Queens » des années 80, la sexy Barbara Crampton, et un histrion cabotin qu’il réutilisera régulièrement dans des rôles de nerveux, Jeffrey Combs.

 

On annonce aussi l’édition prochaine en DVD de Dolls – Les Poupées, film de Stuart Gordon que nous n’avons pas revu depuis sa sortie en salle et qui nous avait beaucoup plus à l’époque. Ce sera l’occasion d’en parler ici.

 

 

 

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